mardi 26 novembre 2013

MUNICIPALES. Pourquoi Voynet renonce à Montreuil

L'ancienne ministre écologiste a pris une décision personnelle mais également politique, en se retirant de la course à Montreuil. Ses chances de reélection étaient entamées. Explication.

Le retrait de Dominique Voynet lundi soir a surpris tout le monde. Ou pas... Car ceux qui connaissent Montreuil et la situation politique locale ne sont pas tombés de leur chaise en apprenant que l'actuelle maire de la ville jette l'éponge. Comme souvent en politique, la décision est à la fois le mélange d'une réflexion sincère et d'une analyse froide du rapport de forces politiques.

Il y a déjà chez
Dominique Voynet "une forme de vrai dégoût", confie à MYTF1News un écologiste parisien peu surpris par l'annonce. Et dans sa lettre d'explications, les mots utilisés par l'ancienne ministre de Lionel Jospin sont accablants pour une forme de combat politique. "Je souffre profondément de la dégradation de la vie politique et du climat qui conduit, à Montreuil comme ailleurs, à englober tous les politiques d'une même suspicion, et de plus en plus souvent d'un même mépris, ceux qui ne cumulent pas comme ceux qui cumulent, ceux qui sont intègres comme ceux qui sont corrompus, ceux qui brossent leurs clientèles dans le sens du poil comme ceux qui refusent d'accorder des passe-droits, y compris à leurs plus proches amis".
Le PS pas prêt à lâcher Montreuil
Dominique Voynet, qui a annoncé lundi après-midi sa décision à son équipe municipale puis aux militants écolos, lance aussi une attaque à peine voilée contre ses adversaires, et notamment son rival ambitieux, le député PS Razzy Hammadi. Elle dit ainsi refuser "de partir en campagne en promettant logements et jobs à la mairie à tour de bras; de garantir à toute personne rencontrée dans la rue que sa demande, même injustifiée, sera traitée en priorité".
Sur France Inter mardi matin, elle a ajouté : "j'aime mon métier de maire", "je n'en suis pas lassée" mais "j'ai voulu dire stop, halte au feu, c'est violent, insupportable, grossier". "La politique, ce ne peut pas être une sorte de fight club où le seul objectif, c'est de traîner l'adversaire dans la poussière, lui faire rendre gorge, l'humilier, le détruire".
s'explique aussi par une analyse des rapports de forces locaux entre EELV, le PS et les communistes. En 2008, la maire écologiste était parvenue à arracher par surprise au communiste Jean-Pierre Brard cette ville de plus de 100.000 habitants qu'il gérait depuis 25 ans. Mais depuis, face à l'absence d'ennemi menaçant à droite, les écologistes et la gauche n'ont jamais cessé de se quereller au sein de la majorité municipale. Et les communistes n'ont jamais renoncé à reprendre Montreuil. Du coup, les socialistes locaux, soutenus par le très influent patron du département de Seine-Saint-Denis Claude Bartolone, ont fait bloc derrière leur candidat trentenaire Razzy Hammadi pour s'emparer de la ville.
"Elle n'aime pas les gens"
Interrogée dans Libération mardi sur d'éventuelles accusations de retrait par peur de perdre, Dominique Voyent répond : "Je sais qu'il n'aurait pas été facile d'être réélue dans une ville où la gauche est aussi divisée". Mais "j'ai toujours placé mes convictions avant les considérations électorales".
Dotée d'une personnalité forte, d'un "sale mauvais caractère" disent ses détracteurs, la maire de Montreuil n'a pas voulu ou pu ces derniers temps mettre tout en œuvre pour conserver son mandat. "Le principal problème de Dominique, c'est qu'elle n'aime pas les gens", lançait il y a quelques jours, cruellement, l'ancienne écologiste Martine Billard au quotidien Monde. Chacun traduit donc mardi matin ce retrait comme il le souhaite, entre sincérité du refus de certaines pratiques ou incapacité à fédérer durablement un groupe.
 

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