jeudi 27 octobre 2011

Risquez-vous de rester sans courant cet hiver ?

Chaque année, les pics de consommation électrique augmentent lors des grands froids au coeur de l'hiver. Ces records qui tombent régulièrement posent le problème de l'approvisionnement de l'Hexagone. Car si elle est exportatrice d'électricité durant presque toute l'année, la France est néanmoins importatrice lors des grands pics quotidiens l'hiver - notamment autour de 19 heures. Avec un risque réel de "black out", surtout pour certaines régions relativement mal desservies en lignes à haute tension et considérées comme des "péninsules électriques", comme la Bretagne ou la région Provence- Alpes-Côte d'Azur. Or cette année, avertit le cabinet de conseil Capgemini dans son étude annuelle sur l'énergie en Europe, se pose un problème supplémentaire : l'arrêt de réacteurs nucléaires allemands. Un facteur qui représente un risque non négligeable de pannes d'électricité cet hiver en France, selon la société française de services.

A cause du chauffage électrique, l'Hexagone est le pays d'Europe dont la consommation augmente le plus par grand froid : pour chaque degré de température extérieure en moins, 2300 mégawatts de puissance supplémentaire sont nécessaires, soit plus de deux réacteurs nucléaires, selon le transporteur d'électricité RTE. "Les hivers froids, comme ça a été le cas l'hiver dernier, on a importé jusqu'à 8000 mégawatts, essentiellement d'Allemagne. Or cette énergie ne sera plus disponible", souligne Colette Lewiner, directrice internationale du secteur de l'énergie chez Capgemini. Car l'Allemagne elle-même sera importatrice nette d'électricité cet hiver en raison de l'arrêt de huit de ses 17 réacteurs décidé au printemps dans la foulée de la catastrophe nucléaire de Fukushima au Japon.

L'Allemagne aussi devra importer cet hiver

"Est-ce que pour autant on aura des pannes, ce n'est pas sûr, heureusement. Ça va dépendre du froid, du fonctionnement des réacteurs nucléaires en France, qui s'est beaucoup amélioré, de la disponibilité des moyens de productions ailleurs, je pense par exemple que l'Allemagne fera plus tourner ses centrales à charbon", souligne l'experte. Ce qui n'empêche pas Capgemini de pointer, dans son Observatoire européen des marchés de l'Energie, qu'il "existe une menace réelle sur la continuité de la fourniture électrique pendant l'hiver 2011-2012 et les hivers suivants car les pointes de consommation augmentent d'année en année".

Avant d'être contraint à d'éventuelles coupures maîtrisées, RTE peut encore recourir à des contrats d'effacement auprès de clients industriels ou lancer des appels au civisme comme c'est déjà le cas en Bretagne. "Mais on est dans un contexte qui est plus inquiétant", note Colette Lewiner, en soulignant que l'Allemagne et la Belgique sont avec la France les plus exposées. RTE, en charge des lignes à haute tension, doit présenter son propre état des lieux sur cette question avant le 10 novembre. Une étude au niveau européen de l'Association européenne des gestionnaires de réseaux (Entso-E) sera également présentée fin novembre.

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