mercredi 21 septembre 2011

Plus qu'une journée à vivre pour Troy Davis

A l'annonce du rejet de son recours, mardi, Troy Davis a adressé un ultime message à ses défenseurs : "Le combat pour la justice ne s'arrête pas avec moi", a écrit ce symbole du combat contre la peine de mort. "Je me sens bien, je prie et je suis en paix. Je n'arrêterai de me battre qu'à mon dernier souffle", a dit ce homme de 42 ans depuis le couloir de la mort qu'il occupe depuis 20 ans. D'éventuels recours auprès de juridictions locales ou de la Cour suprême n'ont plus que d'infimes chances d'aboutir après le refus de "clémence" du comité des grâces. A moins d'un nouvel élément de procédure de dernière minute, très peu probable, l'exécution aura lieu. En 20 ans, Troy Davis a déjà échappé à trois exécutions grâce à de multiples recours judiciaires.
Condamné à mort en 1991 pour le meurtre d'un policier blanc, Troy Davis doit se voir administrer une injection mortelle mercredi à 19h, 1h heure de Paris, au pénitencier de Jackson, en Géorgie. La veuve et les enfants de la victime doivent assister à l'exécution. Présenté par ses partisans comme le prototype du Noir condamné à tort, Davis jouit de l'appui de personnalités comme l'ancien président Jimmy Carter, le pape Benoît XVI ou l'actrice Susan Sarandon et des centaines de manifestations de soutien ont eu lieu dans le monde.

Le rejet de sa demande de grâce a déclenché une avalanche de critiques, à la mesure du soutien international dont il bénéficie. La puissante organisation américaine de défense des droits civils ACLU a appelé à une grève générale des personnels pénitentiaires en Géorgie afin d'empêcher l'exécution. "Il est inconcevable que le comité des grâces ait refusé" d'empêcher l'exécution, a réagi Amnesty International. L'organisation manifestera au moment de l'exécution.
"Une tache sur la justice des Etats-Unis", dit Badinter
En France, l'ancien ministre de la Justice Robert Badinter, père de l'abolition de la peine de mort il y a 30 ans, a évoqué "une tache sur la justice des Etats-Unis". Le ministère des Affaires étrangères a fait savoir que la France a appellé le procureur et les autorités de l'Etat de Géorgie à ne pas exécuter Troy Davis, en estimant que s'ils passaient outre, ils "commettraient une faute irréparable".
Lors du procès, neuf témoins du meurtre commis en 1989 ont désigné Troy Davis comme l'auteur du coup de feu mais l'arme du crime n'a jamais été retrouvée et aucune empreinte digitale ou ADN n'a été relevée. Depuis, sept témoins se sont rétractés mais cela n'a pas suffi à convaincre la justice de revoir son verdict. Aubry, candidate à la primaire PS pour la présidentielle 2012, a jugé "effarant" que "l'on puisse décider qu'un homme puisse être exécuté par la main d'un autre homme".
La mère de Mark MacPhail, le policier tué en 1989 dans la ville de Savannah, s'est en revanche félicitée de la décision du comité des grâces. "C'est ce que nous voulions", a déclaré Anneliese MacPhail sur la chaîne CNN. Interrogée sur la possibilité qu'elle pardonne un jour à Troy Davis, elle a répondu : "Pas encore, peut-être un jour. Je ne sais pas. Maintenant je ne peux pas".

Aucun commentaire: