jeudi 22 septembre 2011

La Grèce attend toujours son aide, nouveau tour de vis en vue

Fragilité récurrente de la Grèce, abaissement de la note italienne : la zone euro reste bel et bien dans la tourmente, et les pays les plus exposés s'en inquiètent ouvertement. Tel le Premier ministre portugais, Pedro Passos Coelho, qui, envisageant mardi soir un éventuel défaut de la Grèce, a estimé que son pays pourrait avoir alors besoin d'une nouvelle aide financière de l'UE et du FMI. Tout en s'efforçant de rassurer : "Si quelque chose de très négatif arrive, il est important que ceux qui peuvent nous aider - par un renforcement de l'aide au système financier ou par un renforcement du programme d'assistance - puissent le faire en étant convaincus que ce qui arrive à la Grèce n'arrivera pas au Portugal".
Car l'imbroglio grec est loin d'être débloqué, même si Athènes et Bruxelles se sont prévalus mardi soir d'avancées dans les négociations. Les tractations vont devoir se poursuivre. A l'issue d'une téléconférence du ministre grec des Finances, Evangélos Vénizélos, avec la troïka représentant les créanciers du pays, zone euro et FMI, le ministère et la Commission ont annoncé le retour à Athènes la semaine prochaine de cette délégation tripartite. Elle en était partie le 2 septembre, suspendant un audit trimestriel des comptes grecs juste entamé, face aux retards grecs en matière de rigueur et privatisations. Le gouvernement grec s'est depuis engagé à se plier aux exigences des créanciers du pays, via notamment de nouvelles mesures de compression du secteur public.
Et l'Italie ?
Pour les Grecs, des "progrès satisfaisants" et pour le Commission de "bons progrès" ont été enregistrés au cours des discussions de mardi soir, faisant suite à une première téléconférence lundi. Reste à concrétiser. Evangélos Vénizélos doit aussi poursuivre ces discussions, portant sur les mesures convenues jusqu'en 2014 en échange du maintien du pays sous perfusion de prêts internationaux, le week-end prochain à Washington au cours de l'assemblée annuelle du Fonds monétaire international, tandis que continueront des discussions techniques.
L'enjeu est le déblocage en octobre - vital pour la Grèce - de la sixième tranche de huit milliards d'euros du prêt consenti en mai 2010 au pays. Dans l'attente d'un accord final, le gouvernement socialiste grec doit détailler ce mercredi, selon les médias, ce nouveau tour de vis, qui suscite déjà la colère sociale. Un conseil ministériel restreint est prévu en fin de matinée. Les prévisions rendues publiques plus tôt dans la journée par le FMI tablent sur un respect total par les Grecs des conditions posées par leurs créanciers, avec un déficit public révisé à 8% du PIB contre 7,6% prévu, l'écart découlant de la récession, plus grave que prévue (-5%), et non d'un quelconque relâchement. Une discipline budgétaire d'autant plus impérative que le FMI a fortement relevé ses prévisions pour le pic de la dette publique de la Grèce, à 189% du PIB en 2012 contre 172% dans sa précédente projection de juin.
Les inquiétudes sur la crise de la dette et sa possible contagion avaient plus tôt été relancées après que l'agence américaine de notation Standard & Poor's a abaissé d'un cran la note à long terme de l'Italie, à "A" contre "A+", invoquant la fragilité de la coalition au pouvoir et l'important endettement. Assortie d'une menace de nouvel abaissement, via une mise en "perspective négative", cette décision ne remet toutefois pas en cause à moyen terme la solvabilité de la troisième économie de l'Union monétaire. "C'est un non événement car on l'avait anticipé", a commenté l'économiste Cédric Thellier chez Natixis. Mais "c'est le moment de prendre à bras-le-corps des problèmes - compétitivité - qu'on a repoussés depuis longtemps pour éviter un scénario à la grecque", ajoute-t-il.

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