dimanche 13 octobre 2013

Un e-pharmacien blâmé pour avoir trop fait sa pub dans les médias

Un pharmacien de Caen a reçu un blâme de l'Ordre des pharmaciens pour avoir vanté les mérites de son officine dans les médias. Une pratique interdite par le code de Santé publique.

Ce pharmacien de Caen a-t-il trop parlé dans les médias ? Pour le Conseil de l'ordre des pharmaciens, cela ne fait aucun doute. La chambre de discipline du Conseil de l'ordre a même décidé de rappeler à l'ordre ce pharmacien qui a un peu trop joué les VRP face aux caméras.
L'histoire remonte à novembre 2012. Philippe Lailler lance son site Internet pour vendre des médicaments sans ordonnance.  A l'époque, il est l'un des premiers à le faire alors même que cette activité n'est pas encore réglementée - elle ne le sera que le 12 juillet 2013. Mettant en avant un concept novateur, ce pharmacien fait l'objet de plusieurs reportages, au grand dam d'une partie de la profession.  
Agacés, ses confrères déposent plusieurs plaintes auprès de la chambre de discipline du Conseil de l'ordre, qui a décidé de blâmer le pharmacien. On lui reproche d'avoir fait la publicité de son officine dans les médias. "La protection de la santé publique justifie que la publicité en faveur des officines soit strictement limitée", écrit la chambre présidée par le juge administratif Gilles Mathis.  Pour la chambre, M. Lailler n'a pas respecté ces limites.
"L'interview s'est tranformée en message publicitaire"
En effet, le code de santé publique interdit à tout pharmacien de faire de la publicité pour son officine et les médicaments qu'il vend, pour ne pas inciter à la dépense et à la consommation de médicaments.  Or, "certains propos de M. Lailler" dans les médias "établissent des comparaisons entre ses prix et ceux de ses concurrents", relève aussi la chambre pour justifier sa décision.

Interrogé par MYTF1News, le président de l'Union des syndicats des pharmaciens d'officine estime que son confrère a "dérapé". "J'ai déjà été sur un plateau télévisé avec lui et Monsieur Lailler a clairement cité sa pharmacie tout mettant en avant les tarifs qu'il pratiquait. Il a notamment mentionné les prix de ses tests de grossesse", raconte Gilles Bonnafond. "En faisant ça, l'interview s'est transformée en message publicitaire", déplore le pharmacien.
Quelque 200 plaintes déposées
Mais ce blâme reste symbolique : c'est le premier niveau de l'échelle des sanctions d'une chambre de discipline. Les mesures peuvent aller jusqu'à la radiation en passant par l'interdiction temporaire d'exercer. La plainte contre M. Lailler émanait du président de l'Ordre régional des pharmaciens, Franck Blandamour. Son avocate n'était pas joignable dans l'immédiat, jeudi après-midi. Interrogé par l'AFP, l'avocat de M. Lailler, Me Robert Apéry, a indiqué que son client n'avait pas encore décidé s'il faisait appel.

A l'audience le 26 septembre à Caen, la défense avait indiqué que 200 plaintes similaires avaient été déposées en Basse-Normandie, avant que 50 d'entre elles ne soient retirées.  Président du MoDem dans le Calvados, M. Lailler est par ailleurs annoncé comme tête de liste aux municipales de 2014 à Caen. Il a déjà été plusieurs fois candidat à des scrutins locaux. 
 

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