mercredi 7 août 2013

Affaire du Carlton : DSK, "pivot central", selon les juges

De quels élements disposent les juges pour inculper Dominique Strauss-Kahn pour "proxénétisme aggravé" dans l'affaire du Carlton ? Le Figaro a eu accès à son ordonnance de renvoi qui ne laisse guère de doute sur ce qu'il savait vraiment.

La semaine dernière, le parquet de Lille annonçait son intention de ne pas faire appel du renvoi en correctionnel de Dominique Strauss-Kahn pour "proxénétisme aggravé" dans l'affaire du Carlton. Les arguments des juges ont donc été convaincants. Le Figaro a justement eu accès à l'ordonnance de renvoi de l'ex-directeur du FMI. Et son rôle central ne fait guère de doute aux yeux des magistrats.
Dans leur ordonnance de renvoi, les magistrats lillois décrivent Dominique Strauss-Kahn comme un "roi de la fête" et le "pivot central" des échanges de SMS avec d'autres personnes mises en examen dans cette affaire. Selon eux, "ces soirées ne s'organisaient pas sans lui, et si elles s'organisaient, c'était en fonction de lui, c'est-à-dire tant de sa présence en ville (Paris, Washington...) que de son emploi du temps". Par ailleurs, les témoignages nombreux et concordants fragilisent la version toujours clamée par l'ancien socialiste, à savoir qu'il ignorait totalement la profession des femmes qu'il côtoyait lors de ses soirées. L'une d'elle se dit certaine que "l'ensemble des personnes présentes ne pouvait ignorer" qu'elles étaient rémunérées. Une autre l'assure, compte-tenu du profil des jeunes femmes, le doute n'est pas permis.
"Il n'était nullement question de libertinage, mais d'abattage"
D'autre part, le déroulement de ses soirées, lui aussi, ne concorde pas avec la version de DSK, qui évoque de simples soirées libertines. Une participante décrit un "carnage avec un tas de matelas au sol". Pour les juges, "il n'était nullement question de libertinage, mais d'abattage et de commandes de prestations", écrivent-ils dans l'ordonnance de renvoi, rapporte le Figaro. Selon les dépositions des jeunes femmes, les soirées ressemblaient plus à de la "consommation sexuelle". DSK est en outre également accusé d'avoir "accompli un acte matériel de proxénétisme" en mettant à disposition pour des soirées un appartement qu'il louait.
Enfin, les magistrats restent dubitatifs face au stratagème de DSK pour tenter de dissimuler son lien avec ses soirées. En confiant à Fabrice Paszkowski, l'organisateur de ces soirées, la puce d'un téléphone qu'il utilisait pour organiser ces soirées, l'ex-patron du FMI a mis en place une "véritable opération de dissimulation, destinée à brouiller les pistes pour nettoyer ensuite cette puce et l'attribuer à la compagne de Fabrice Paszkowski à partir du mois de juin 2011", estiment les juges.
Le procès de Dominique-Strauss-Kahn doit se tenir l'an prochain. Ses avocats ont dénoncé le 26 juillet un dossier vide et ont souligné les positions contradictoires des juges et du parquet, qui avait requis un non-lieu. 
 

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