mardi 7 mai 2013

Suicides à France Telecom : un document qui dérange

Dans un document interne datant de 2006, les dirigeants de l'époque évoqueraient clairement leur objectif de supprimer 22.000 postes dans l'entreprise, révèle Le Parisien.
Entre 2008 et 2010, France Telecom avait connu une vague de suicides sans précédent avec le décès de 57 salariés. Les syndicats, estimant que ces salariés y avaient été poussés à force de pression, avaient alors porté plainte, conduisant à l'ouverture d'une information judiciaire par le pôle de santé publique du parquet de Paris. Un rapport de l'inspection du travail est venu soutenir cette thèse.

En juillet 2012, trois anciens dirigeants de France Telecom étaient mis en examen pour "harcèlement moral" : l'ex-PDG
Didier Lombard, l'ex-N°2 Louis-Pierre Wenes et l'ex-DRH Olivier Barberot. Un chef d'accusation que les plaignants souhaiteraient aujourd'hui voir requalifié en "mise en danger de la vie d'autrui" au vu de nouveaux documents récoltés et jugés accablants, révèle Le Parisien dans son édition de mardi. "Dès le départ, il y a eu une volonté délibérée de mettre en place un système porteur de risque social, déclare au Parisien Maître Frédéric Benoist, avocat du syndicat CFE-CGC. On est au-delà du harcèlement moral".
L'avocat s'appuie notamment sur le compte-rendu d'une réunion de l'Acsed, l'association des cadres du géant de communication, s'étant tenue en 2006 et dans lequel les trois ex-dirigeants parleraient clairement de leurs objectifs drastiques de réduction d'effectifs : "Il faut que l'on sorte de la position mère-poule, aurait dit Didier Lombard selon cette note. Ce sera un peu plus dirigiste que par le passé. C'est notre seule chance de faire les 22.000 pour recruter les 6.000 car on a un problème sur les nouvelles technologies".

"Je ferai les départs, par la fenêtre ou par la porte"
Selon les témoignages recueillis par Le Parisien, la secrétaire ayant retranscrit cette note aurait de son propre chef décidée d'adoucir les tournures des dirigeants. Ainsi dans la version officielle la conclusion de Didier Lombard est "En 2007, je ferai les départs d'une façon ou d'une autre". Dans la version originale, cela donnait : "En 2007, je ferai les départs d'une façon ou d'une autre, par la fenêtre ou par la porte". Les intéressés assurent que ces documents, plusieurs remaniés ne seraient pas crédibles. "L'instruction n'est pas terminée, le juge n'a pas fini son travail. Mon client préfère garder ses déclarations pour la justice", déclare au Parisien Me Jean Veil, l'avocat de Didier Lombard.

A la suite de la médiatisation de cette affaire des suicides, ce dernier avait cédé le contrôle opérationnel de l'entreprise à Stéphane Richard, avant que celui ne devienne président un an plus tard. En 2011, le nombre de suicides dans l'entreprise a fortement diminué, revenant à son niveau de 2008.
 

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