samedi 16 février 2013

Acheter des médicaments sur Internet, c'est désormais possible

La restriction de la vente sur internet à seulement une partie des médicaments sans prescription a été suspendue par le Conseil d'Etat, une décision ouvrant le commerce en ligne à tous les médicaments achetés sans ordonnance.
10.000 médicaments pourront désormais être vendus en ligne. Le Conseil d'Etat a suspendu les restrictions qui devaient peser à partir du 1er mars sur la vente sur internet d'une partie des médicaments en France, ouvrant provisoirement le commerce en ligne aux remèdes achetés sans ordonnance.
Que change la décision du Conseil d'Etat ?
Avec sa décision, le Conseil d'Etat va plus loin que la mesure de décembre 2012. Le Conseil, qui statuait en référé, c'est-à-dire en urgence, sur demande d'un pharmacien ayant ouvert une pharmacie en ligne, estime qu'il y a un "doute sérieux" sur la légalité d'un article du code de santé publique vis-à-vis du droit européen, selon un communiqué diffusé jeudi soir. Cette nouvelle disposition introduite en décembre 2012 et qui devait s'appliquer au 1er mars 2013, excluait de la vente en ligne des médicaments de type "OTC" (over the counter en anglais) pour lesquels une prescription n'est pas obligatoire et qui sont donc en vente libre en pharmacie.
Le Conseil d'Etat "constate que les dispositions du code de la santé publique ne limitent pas l'interdiction de vente en ligne aux seuls médicaments soumis à prescription obligatoire" et que cet article réserve la vente sur internet "à certains médicaments non soumis à prescription - ceux dits de médication officinale" et excluent "de la vente en ligne le reste des médicaments non soumis à prescription".
Quels médicaments vont être vendus en ligne ?
L'agence française du médicament n'avait autorisé qu'une liste de 455 médicaments à la vente en ligne. Aujourd'hui, 10.000 médicaments sont concernés. La liste élargie comprendra les suppositoires de Doliprane, l'ensemble des Paracétamol, etc.
Ces médicaments sont ceux auxquels les consommateurs avaient déjà libre accès dans les pharmacies, donc sans ordonnance. Il ne s'agit que de médicaments non remboursés par la Sécurité sociale, destinés à soigner des symptômes courants pendant une courte période, qui ne nécessitent pas l'intervention d'un médecin, et qui disposent d'une notice d'information et d'un conditionnement adaptés (dosage et durée de traitement).
Qui sont les pharmaciens en ligne ?
La création et l'exploitation d'un site Internet de vente de médicaments est exclusivement réservée aux pharmaciens diplômés, inscrits à l'Ordre national des pharmaciens. Toute pharmacie en ligne ne peut être que l'extension d'une officine réelle. Par ailleurs, la création de son site web de vente de médicaments est soumise à l'autorisation du directeur général de l'Agence régionale de santé (ARS), de la région où la pharmacie réelle est installée. Le site doit aussi être déclaré à l'Ordre national des pharmaciens.
C'est un pharmacien basé à Caen, Philippe Lailler, qui s'était lancé en novembre dernier dans la vente de médicaments en ligne, en profitant d'un vide juridique. Le Conseil d'Etat lui a donné raison jeudi soir. "Il ne s'agit pas de faire n'importe quoi, mais il est important qu'on se mette à la page ", a-t-il indiqué sur Europe 1. Aujourd'hui, Philippe Lailler reçoit sur son site "à peu près une cinquantaine de commandes par jour".
Pourquoi cette petite révolution ?
Cette petite révolution a été rendue inévitable par la législation de l'UE. Cette mesure constitue tout simplement une transposition en droit français d'une directive européenne de 2011, la France n'ayant que jusqu'à début janvier pour se mettre en conformité. Le ministre de la Consommation Benoît Hamon a commenté cette décision sur Europe 1 en soulignant qu'en "matière de pharmacie en ligne, il (fallait) être particulièrement prudent", ajoutant que le gouvernement allait "analyser la décision du conseil d'Etat".

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