dimanche 9 décembre 2012

Déclaré mort pendant 50 minutes avant de revenir

Victime d'une crise cardiaque en 2012, Jean-Paul Duc narre son expérience de mort imminente dans un livre et milite pour le développement des soins de premiers secours.

Le 17 juillet 2010 à 14 h 06, je suis tombé raide mort, dans les bras de ma femme Lina. » De prime abord, l'homme que nous rencontrons n'a rien d'un gourou illuminé ou d'un junkie. Volubile, certes, mais aussi carré que fluide dans ses propos. Jean-Paul Duc, 48 ans, originaire d'Annecy, en Haute-Savoie, est ce que l'on appelle un « expérienceur ». Un terme qui désigne ceux qui ont fait une expérience de mort imminente (EMI). La sienne, comme l'attestent les rapports du centre hospitalier d'Annecy et du SAMU d'Annemasse, a duré cinquante minutes. Un laps de temps impensable pour les secours, qui ont d'ailleurs déclaré à sa famille que « c'[était] fini ». Car au-delà de vingt à trente minutes, les chances de survie sont, selon la médecine, quasi-nulles. Ce qui est arrivé à Jean-Paul est donc tout à fait exceptionnel. Il nous a livré les détails de son voyage dans cette « dimension qui n'est pas la nôtre »...

De l'Etna au Groënland

« Je me suis retrouvé dans un espace-temps différent. Je ne sentais absolument rien, alors même que mon corps recevait une série de douze défibrillations à 3 000 volts et 41 mg d'adrénaline. La seule chose que je percevais, c'était des déplacements d'êtres énergétiques autour de moi. Mais il n'y avait pas d'ordre de grandeur. Mon père et mon frère Pascal, tous deux décédés, étaient là. Et puis cette lumière, magique, apaisante, irrésistiblement attirante. Elle venait me chercher.

« Il y avait cependant un triangle noir, dont j'ai su plus tard qu'il s'agissait d'une table de ping-pong que l'on avait placée au-dessus de ma tête pour me protéger de la pluie. La lumière l'a finalement transpercé. Je suis alors parti vraiment très haut, et j'avais envie de dire à tous ces gens qui se battaient pour moi de me laisser tranquille. Comme matérialisé dans la lumière, un être me tendait une main accueillante. C'est alors que Lina, que je voyais en-deça, s'est allongée sur moi, dégageant de toute la force de son amour une chaleur intense. Soudain, j'ai ressenti un énorme choc thermique, comme si je venais de passer de l'Etna au Groënland. »

À ce moment précis, Michael, le fils de Lina, vient d'entraîner celle-ci loin du corps apparemment sans vie de son mari, à la demande du médecin-chef. Il lui propose d'entamer la procédure habituelle en cas de décès. C'est alors que se produit l'incroyable : Michael voit l'abodmen de Jean-Paul se soulever légèrement. Tout bascule, un hélicoptère est appelé. Direction le service de réanimation du CH d'Annecy, et non pas la morgue. D'hôpitaux en salles de rééducation, commencera alors pour Jean-Paul un long combat, pour survivre d'abord, puis recouvrer l'intégralité de ses fonctions vitales. À commencer par la mémoire.

Amnésique

Lorsque Jean-Paul revient à lui dans le service de réanimation, après avoir été plongé trois jours dans un coma artificiel, son « disque de mémoire interne » a buggé. Plus aucun souvenir de ses « 46 années, 7 mois, 17 jours, 14 heures et 6 minutes » de vie précédente, si ce n'est une image de son séjour en Crète, une semaine avant. Ce qu'il est parfaitement apte à restituer, en revanche, c'est ce qu'il a vu pendant les 50 minutes où il a « cessé de vivre ». Aujourd'hui, s'il éprouve certaines difficultés à se concentrer, s'orienter et s'il n'a pu reprendre son travail de directeur commercial, Jean-Paul a stupéfait les médecins. Lui dont les organes vitaux ont été atteints et dont les chances de survie étaient quasiment nulles, selon eux, est à nouveau valide et parfaitement capable de s'exprimer.

Pour la formation aux premiers secours

S'exprimer, témoigner, sensibiliser un maximum de personnes à la nécessité de se former aux soins de premiers secours et à l'utilisation d'un défibrillateur, telle est la raison d'être de Jean-Paul aujourd'hui(1). De son séjour dans l'au-delà, il est revenu avec une vision de la mort radicalement modifiée : « J'en avais très peur, depuis la disparition de mon père dans un accident de train, quand j'avais 8 ans. Aujourd'hui, je sais que, lorsqu'elle est naturelle, elle n'a rien d'effrayant.

« En revanche, je suis farouchement opposé au suicide. C'est le message que m'a délivré, pendant mon EMI, mon frère, qui a mis fin à ses jours en 2008. Il revivait en boucle son geste et m'a expliqué que pour qu'il soit délivré, il devait faire quelque chose d'extrêmement positif pour un être cher. C'est pour cette raison qu'il m'a aidé à m'en sortir et à guérir. C'est aussi la chaleur de Lina, au moment ultime, qui m'a donné la force de revenir. Par amour. »

http://www.nicematin.com/sante/declare-mort-pendant-50-minutes-avant-de-revenir.1077325.html

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