jeudi 25 octobre 2012

La petite fille aux bonbons s'en est allée

On a appris avec tristesse le décès dans sa 101e année de Mme Isabelle Mercy, qui demeurait à Mézières.
Ancienne secrétaire de Marie-Hélène Cardot, elle avait rejoint la grande dame de Douzy dans la Résistance comme agent de liaison, sillonnant le Sedanais à bicyclette, et ses proches ne l'apprirent que fort tard.
Mme Mercy était une grande dame restée modeste et simple, qui racontait volontiers avoir risqué sa vie parce que cela lui semblait « normal » de lutter contre l'occupant nazi.
Originaire de Pouru où son père était boucher, elle avait participé à l'éducation de ses sœurs au décès prématuré de sa maman.
C'est en novembre 1918 que survient un événement peu banal qui marque à jamais la vie de cette Ardennaise exemplaire, tout de labeur et de dévouement à sa famille.
Réfugiée à Stonne avec ses proches, alors qu'une partie de la population est terrée dans les habitations et que quelques habitants ont hissé un drap blanc sur le clocher de l'église en signe de neutralité (on craint des bombardements), la petite fille âgée de 6 ans marche au-devant des troupes américaines et offre des bonbons à un jeune officier du 307e régiment d'infanterie, le major Stone (à une lettre près, l'orthographe du village ardennais !).
L'homme est saisi et n'oubliera jamais.
A tel point qu'il lance un avis de recherche en 1961 : et c'est en écoutant la radio qu'Isabelle Mercy, née Docq, apprend qu'un ancien officier qui libéra les Ardennes au terme de la première guerre recherche une petite fille qui l'avait ému par son geste.
En mai 1961, Isabelle Mercy et son époux Henri sont invités aux Etats-Unis par le Major Stone et sont reçus comme des chefs d'Etat, participant au défilé du Memorial Day, reçus à la Maison Blanche par Jacqueline Kennedy, « un véritable conte de fée durant dix jours » ainsi qu'elle le racontait encore en février dernier, au moment de fêter ses 100 ans entourée des siens.
Surnommée « the candy girl » par les journalistes américains, c'est-à-dire « la petite fille aux bonbons », Isabelle Mercy restée autonome, faisait l'admiration de ses voisins, amis et parents par son dynamisme et son autonomie. Nous avions le plaisir de la rencontrer et de l'interviewer longuement, d'apprécier son sens de l'humour et sa gentillesse, précisément lorsqu'elle fêta son centenaire.
Comme elle le souhaitait, elle est restée chez elle, dans le quartier de la Porte de Bourgogne, jusqu'à ses derniers jours.
A ses enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants, à tous ses proches, nous présentons nos condoléances. Les obsèques d'Isabelle Mercy seront célébrées ce jeudi à 15 heures en l'église de Pouru-Saint-Remy


http://www.lunion.presse.fr/article/autres-actus/la-petite-fille-aux-bonbons-sen-est-allee

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