vendredi 17 août 2012

Jamais les banques espagnoles n'ont été aussi mal en point

Après 8,96% en mai et 8,72% en avril, le taux de créances douteuses des banques espagnoles a pulvérisé en juin un record historique : 9,42%. Le chiffre le plus élevé depuis 1962, année qui a vu le lancement de cette série statistique. Jusqu'alors, le record datait de février 1994, avec 9,15%. Ce nouveau sommet confirme la détérioration du secteur financier de ce pays, qui inquiète les investisseurs et les partenaires européens du pays, alors même que les banques espagnoles doivent bénéficier d'un plan d'aide européen.

Le gros problème des banques espagnoles est que ces créances douteuses sont principalement des
crédits immobiliers, susceptibles de ne pas être remboursés depuis que le secteur immobilier du pays est en crise. Pendant longtemps moteur de la croissance espagnole, le secteur de la construction s'est brusquement mis à l'arrêt en 2008, au moment même où éclatait la crise internationale. L'éclatement de la bulle immobilière a entraîné une grande partie de l'économie dans sa chute et fortement déstabilisé le secteur financier.


Une première tranche d'aide de 30 milliards d'euros
C'est à cause des difficultés recontrées par certaines de ses principales banques, très exposées au secteur immobilier sinistré, que l'Espagne a appelé à l'aide, en juin, ses partenaires de la zone euro, qui ont concédé un prêt pouvant aller jusqu'à cent milliards d'euros. Une première tranche d'aide de 30 milliards d'euros a été débloquée de manière anticipée fin juillet et une partie pourrait être injectée bientôt sur demande de l'Espagne : celle-ci a fait savoir vendredi qu'elle comptait déposer officiellement sa demande de versement "sous peu". Il s'agirait de soulager les banques les plus fragiles, notamment Bankia, dont la nationalisation en mai avait précipité cette demande d'aide. Bankia dit avoir besoin d'une injection de 19 milliards d'euros, ce qui, ajouté aux 4,5 milliards d'euros déjà injectés, en fera le plus gros sauvetage de l'histoire du secteur bancaire espagnol.

Ces difficultés bancaires, à elles seules, expliquent une partie des difficultés du pays : car l'asphyxie des banques, qui peinent à se financer sur des marchés très méfiants, paralyse aussi l'économie réelle. Le volume des crédits accordés par les banques ne fait que chuter depuis 2009. Indicateur de la méfiance des investisseurs envers l'Espagne, le taux d'intérêt des obligations espagnoles à dix ans atteignait 6,5% vendredi matin. Soit une détente par rapport aux records de plus de 7% enregistrés ces derniers semaines mais toujours un niveau jugé intenable pour que l'Espagne se finance sur la durée.

Mais au-delà des banques, toute l'économie espagnole est coincée dans un cercle vicieux, avec des
finances publiques au plus mal (et notamment des régions au bord de la cessation de paiement), une croissance atone et un taux de chômage record, de 24,63% et plus de 53% chez les jeunes, à fin juin. Plombé par ces difficultés et engagé dans une cure de rigueur historique pour ramener son déficit public à 6,3% du PIB cette année, le pays peine à retrouver la croissance. Retombée en récession au premier trimestre, qui devrait s'aggraver au deuxième trimestre selon les chiffres provisoires, l'Espagne terminera l'année sur un repli de 1,5% du PIB, d'après le gouvernement. Madrid ne prévoit un retour à la croissance qu'à partir de 2014.

http://lci.tf1.fr/economie/conjoncture/jamais-les-banques-espagnoles-n-ont-ete-aussi-mal-en-point-7460085.html

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