mercredi 21 mars 2012

Jour J pour Florence Cassez

Plus de sept ans après son arrestation et trois après sa condamnation en appel à 60 ans de prison pour enlèvements, association de malfaiteurs et possession d'armes, Florence Cassez saura aujourd'hui si son dernier espoir dépendant de la justice mexicaine est accepté ou rejeté. La première chambre de la Cour suprême, la plus haute instance du pays, doit en effet donner sa réponse sur le recours pour anticonstitutionnalité déposé par ses avocats.
Au début du mois, le juge-rapporteur de cette première chambre, Arturo Zalvidar, a redonné un nouvel espoir à Florence Cassez. En raison des irrégularités ayant entaché la procédure -notamment l'émission organisée par la police le 9 décembre 2005 à la télévision et présentée comme étant l'interpellation en direct, alors que l'arrestation avait eu lieu la veille-, Arturo Zalvidar propose la libération "immédiate et absolue", selon les termes juridiques précis qu'il a utilisés, de la prisonnière.
Trois voix sur cinq
Le projet d'Arturo Zaldivar a fait l'effet d'une bombe au
Mexique : outre la remise en cause de la procédure, qui n'aurait pas respecté la présomption d'innocence ou le respect des droits consulaires auxquels Florence Cassez avait droit en tant qu'étrangère, il a en effet mis personnellement en cause l'actuel ministre de la Sécurité publique, Genaro Garcia Luna. Patron à l'époque de l'Agence fédérale d'investigation (AFI), la police judiciaire fédérale, c'est sous sa responsabilité et celle de son adjoint direct, Cardenas Palomino, présent sur les lieux, que l'AFI avait organisé la prétendue arrestation "en direct".

Est-ce pour autant "gagné" par Florence Cassez ? Non. Certes la première chambre de la Cour suprême, composée de cinq membres, prend ses décisions à la majorité et non à l'unanimité. Il suffira ainsi de trois voix en faveur de la Française pour être libérée. Celle d'Arturo Zalvidar est évidemment acquise. Reste deux juges supplémentaires à convaincre. Cela pourrait être Olga Sanchez Cordero et José Ramon Cossio, étiquetés "libéraux" et donc plus enclins à reconnaître les erreurs de la justice que leurs deux autres collègues conservateurs.
Trois autres scénarios
Mais à l'opposé, trois voix suffisent aussi pour que la condamnation de Florence Cassez soit définitivement validée -il ne lui resterait plus qu'un recours devant la Cour interaméricaine des droits de l'homme, seule instance internationale à laquelle le Mexique est assujetti.
La première chambre pourrait aussi faire un choix intermédiaire en renvoyant le dossier à l'instruction. La condamnation serait alors annulée. Mais Florence Cassez resterait accusée et devrait probablement attendre son nouveau procès à la prison pour femmes de Tepepan, au sud de Mexico. Les cinq juges peuvent aussi choisir la Cour suprême décider dans son ensemble (lire notre article : "Quels scénarios pour Florence Cassez ?").
Le Mexique s'interroge sur lui-même
Quoi qu'il en soit, le choix de la première chambre ne concerne pas uniquement Florence Cassez. Il concerne tout le Mexique. L'opinion publique, déchaînée au début contre la "Française diabolique", a progressivement évolué. De nombreux éditorialistes, juristes et intellectuels ont récemment fait de l'affaire un cas emblématique de tous les dysfonctionnements de la justice dans un pays traumatisé par la violence liée au trafic de drogue. De son côté, l'Eglise catholique, dont le poids reste très important, a approuvé le rapport Zaldivar. Un soutien important pour Florence Cassez, d'autant que
Benoît XVI est attendu dans le pays ce week-end.

Après avoir causé une crise diplomatique entre le
France et le Mexique, le dossier s'est aussi invité dans la politique mexicaine, à trois mois de la présidentielle. Les leaders de l'opposition ont pris position, plus ou moins explicitement, pour Florence Cassez. A l'opposé, Felipe Calderon, le président, est intervenu lundi soir en faveur des "victimes", et donc indirectement contre la Française. Il est vrai qu'une libération serait un échec personnel remettant en cause sa politique de "tolérance zéro" contre les criminels.http://lci.tf1.fr/monde/amerique/jour-j-pour-florence-cassez-7079197.html

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