jeudi 23 février 2012

A travail égal... 20% de salaire en moins pour les femmes

L'égalité salariale était l'un des grands combats des mouvements féministes dans les années 60. Plusieurs décennies plus tard, les slogans ne retentissent plus lors de manifestations, et pourtant, l'inégalité demeure. L'enquête Emplois et salaires de l'Insee en dresse une fois encore, en ce mois de février 2012, un constat froid. Les chiffres publiés mercredi portent sur l'année 2009 ; ils montrent que l'écart salarial entre hommes et femmes est, en moyenne, de 20% dans le privé, et 13% dans le public. "En 2009, le salaire net moyen en équivalent temps-plein des femmes atteint 80% de celui des hommes dans le secteur privé et 87% dans le secteur public", écrit l'Institut de la statistique. Le constat était le même pour 2008.
Pourquoi cette inégalité persistante ? L'Insee se risque à quelques explications : "Cette situation est due pour partie à une structure des qualifications différentes", analyse l'Institut, en soulignant que "par exemple, 19% des hommes salariés du privé sont des cadres contre seulement 12% des femmes". Explication incomplète toutefois car même au sein de chaque catégorie socioprofessionnelle, "les écarts demeurent".
Vie familiale, "plafond de verre" et temps partiel subi
Chez les cadres du privé, le salaire des femmes est inférieur de 23% et de 21% dans le public, illustre l'Insee, notant que cet écart "peut s'expliquer en partie par un effet de plafond de verre", c'est-à-dire par le refus implicite d'accorder aux femmes des promotions au-delà d'un certain poste, "mais aussi par d'autres éléments comme les choix de spécialité de formation, les secteur d'activité ou les déroulements de carrière". Un espoir toutefois : cet écart de salaires chez les cadres est "beaucoup moins important chez les moins de 25 ans que chez les seniors", ajoute l'Insee, qui relève également que les écarts "sont moins élevés dans les autres catégories socioprofessionnelles". Et tout comme la différence salariale semble moindre chez les jeunes, elle tend à se réduire au fil des années. Une étude de la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares, ministère du Travail) publiée en 2008 et portant sur 2006, fréquemment citée, constatait 27% d'écart de salaire brut dans le privé (environ 17% en salaire horaire, soit à temps de travail égal).
Les différences entre les sexes sont également visibles dans les taux d'activité et les temps de travail. Si 70% de la population ayant entre 15 et 64 ans est active au sens du Bureau international du travail (personnes ayant travaillé, ne serait-ce qu'une heure, au cours d'une semaine donnée), le chiffre tombe à 66,1% pour les femmes et monte à 75% pour les hommes. Cet écart s'est beaucoup réduit entre 1975 et 2009, passant de 31 points à 9 "sous l'effet conjugué de la hausse du taux d'activité féminine et d'une diminution de l'activité masculine". Il s'explique "pour une large part" par la présence de jeunes enfants au foyer : "dans les familles d'au moins deux enfants dont l'un (ou plusieurs) a moins de trois ans, le taux d'activité des mères est de 54% alors que celui des pères est de 92%". Mais les femmes sont aussi bien plus souvent à temps partiel, ce qui ne s'explique qu'en partie par la présence d'enfants. "Même parmi les personnes en emploi et sans enfant, la proportion de femmes travaillant à temps partiel est supérieure de 17 points à celle des hommes", note l'Insee. "Il s'agit alors très souvent de temps partiel subi, les femmes étant nombreuses à travailler dans le secteur tertiaire où le recours au temps partiel par les entreprises est structurellement important", dit encore l'Insee.

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