mercredi 1 février 2012

Sortir la France du nucléaire ? La facture bondirait, prévient le CEA

Le Commissariat à l'Energie Atomique s'est penché sur le scenario de sortie du nucléaire, un sujet qui sera au cœur du débat de la prochaine présidentielle. Et son calcul aboutit à la conclusion suivante : la sortie complète du nucléaire coûterait 530 à 772 milliards d'euros, soit environ le triple d'un scénario de statu quo. Le service d'évaluation économique du CEA, l'Itese, a comparé le scénario où le nucléaire reste à son niveau actuel d'envrion 74% (plus 11% d'hydraulique, 10% d'éolien, 2% de solaire et 2% de gaz) et celui d'une "sortie" d'ici 2025 vers un modèle également à faible émission de carbone (60% éolien, 12% solaire, 12% hydraulique et 16% gaz), explique le patron du CEA Bernard Bigot dans Les Echos mardi.
Le premier scénario "représenterait un investissement de 178 milliards à 212 milliards d'euros", détaille Bernard Bigot, tandis que le second ressort avec un "surcoût de l'investissement compris entre 352 et 560 milliards d'euros, soit un total de 530 à 772 milliards". Conséquence sur le prix de l'électricité: alors que le scénario nucléaire donne un coût du mégawattheure à 62 euros en 2025, le scénario de sortie aboutit à un coût deux fois plus élevé à 124 euros, selon les chiffres du CEA, bras scientifique de l'"équipe de France" du nucléaire (EDF, Areva...).
Energies renouvelables: ça coincerait sur les éoliennes
Interrogé par Les Echos sur l'objectif défendu par le candidat socialiste François Hollande de ramener le nucléaire à 50% de l'électricité française d'ici à 2025, Bernard Bigot répond: "Pourquoi pas? Mais pas de manière précipitée. Ce serait trop rapide de le faire d'ici à 2025 dans le contexte budgétaire et technique". Par ailleurs, selon l'étude du CEA publiée sur Internet, "le caractère réaliste du scénario de très fort développement des énergies renouvelables, éolien notamment, n'est actuellement pas totalement avéré", du fait du problème de la production électrique intermittente et de l'acceptabilité d'un nombre très important d'éoliennes.
L'institut atomique a également réalisé un scénario "tout gaz" (à 85%) qui violerait les engagements de la France contre le réchauffement climatique, et entraînerait une hausse du coût de l'électricité à 74 euros du mégawattheure, soit 20% de plus que dans l'hypothèse nucléaire. Les investissements ressortent néanmoins en dessous de ceux du nucléaire, entre 173 et 181 milliards (auxquels s'ajoutent le coût du gaz brûlé pour produire l'électricité) mais pour des émissions de CO2 17 fois supérieures à 166 millions de tonnes

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