mardi 21 février 2012

L'Europe accouche aux forceps d'un nouveau plan d'aide à la Grèce

Il aura fallu une nuit entière de négociations pour aboutir à un accord sur le nouveau plan de renflouement de la Grèce. Un accord dont, ce mardi, tous les participants à la réunion de Bruxelles se félicitent, depuis les ministres des Finances jusqu'au FMI, représenté par Christine Lagarde, en passant par la Banque centrale européenne. Les marchés eux-mêmes ont immédiatement réagi : si l'annonce du compromis est intervenue bien avant l'aube et l'ouverture des Bourses européennes, celles d'Asie ont en revanche aussitôt salué la fin du marathon de Bruxelles par une remontée immédiate de l'euro. La monnaie européenne est ainsi passée en une demi-heure de 1,3185 dollar à 1,3287 dollar.

Qu'ont décidé les grands argentiers européens à Bruxelles ? Sur le principe, ils se sont entendus pour réduire le volume de dette grecque à environ 120,5% d'ici à 2020 via un nouveau programme d'aides publiques pour un montant de 130 milliards d'euros, qui s'ajoute à un premier programme de prêts décidé en mai 2010 qui avait atteint déjà 110 milliards d'euros. De leur côté, les créanciers privés de la Grèce ont accepté une décote de 53,5% sur leurs titres obligataires dans le cadre d'un échange de titres qui devrait se dérouler début mars, de manière à réduire la dette du pays d'environ 100 milliards d'euros - un record dans l'histoire économique mondiale, qui dépasse de loin la restructuration de la dette de l'Argentine. Les premiers versements à Athènes restent toutefois conditionnés au succès de cette opération avec le secteur privé ainsi qu'à la mise en oeuvre par les autorités grecques de mesures concrètes contenus dans le nouveau programme.

Douloureuses concessions

Si les créanciers ont accepté de perdre un peu plus de leurs créances (le maximum admissible pour eux tournait plutôt jusqu'alors autour de 50% de décote), la Grèce a fait aussi de nouvelles concessions, notamment sur sa souveraineté. Sur le papier, Athènes avait déjà rempli sa part du contrat en se pliant aux exigences de ses créanciers publics. Le gouvernement grec avait adopté un nouveau plan d'austérité au prix de violentes manifestations dans la rue et de nouvelles turbulences politiques. Un plan d'économies douloureux de 3,3 milliards d'euros pour cette année avait été voté, prévoyant une réduction du salaire minimum et une limitation des retraites notamment. Mais outre ces efforts douloureux, la Grèce sera désormais surveillée de manière beaucoup plus étroite à l'avenir et des représentants de l'UE, de la Banque centrale européenne et du Fonds monétaire international seront basés à Athènes pour s'assurer de la bonne marche du plan.

Enfin, les Grecs ont accepté d'inscrire sous deux mois dans leur constitution une provision permettant de s'assurer que le paiement de la dette recevra un traitement prioritaire. Ces paiements seront également assurés par le placement de fonds sur un compte destiné à assurer les prochaines échéances du pays. Au final, grâce à ce plan de soutien, la Grèce devrait être en mesure de faire face à une échéance de remboursement de 14,5 milliards d'euros qui tombe le 20 mars et ainsi d'éviter le défaut de paiement.

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