mercredi 29 février 2012

La technologie ne vous facilite pas (toujours) le travail

J'ai vu évoluer ces technologies en trente ans, témoigne Pamina, employée depuis 35 ans dans l'administration, de moins en moins de secrétaire dont le métier a évolué (tout le monde tape lui-même son courrier et ses rapports, même aux échelons de direction), un énorme gain de temps dans la conception de tableaux, de notes, de rapports, un accès bien plus large aux informations et donc dans leur recherche". Aujourd'hui, la majeure partie des métiers est entièrement équipée de technologies de l'information et de la communication (TIC). Pour le pire et pour le meilleur. Car si personne ne remet en cause les avancées permises par l'ordinateur, le téléphone, Internet au travail, beaucoup notent cependant qu'ils créent de nouvelles tensions.
Telle est la conclusion d'un rapport réalisé par le centre d'analyse stratégique (CAS) et la direction générale du travail rendu public mercredi, qui dresse les risques et des recommandations. "Ces TIC se répandent de manière significative sur l'espace de travail, commente Vincent Chriqui, directeur général du CAS, les cadres surtout, mais les ouvriers et les employés sont également concernés. Cependant, 6 à 7 millions de salariés restent à l'écart".

Travail plus intense...

Premier constat, les nouvelles technologies participent à l'accroissement des rythmes de travail. "Si les TIC n'en sont pas directement la cause, elles renforcent les contraintes organisationnelles ou des normes de productivité" note le rapport. Au point que même une panne ou un incident des outils "peuvent provoquer un stress important, en particulier pour les salariés subissant une pression temporelle dans leur activité, ou pour ceux en contact direct avec des clients", poursuit l'étude.

Deuxième constat : les salariés utilisant les TIC sont plus autonomes dans leur travail. "On peut d'avantage choisir comment on travaille", explique Vincent Chriqui. Etrangement, "cette autonomie se double, non sans une certaine contradiction, d'une augmentation du contrôle du travail réalisé, rendu possible ou induit par les TIC", ajoute le rapport. Mais ce ne sont pas les mêmes salariés, les mêmes entreprises qui sont concernés.

...mais un flou entre vie privée et vie professionnelle

Avec les TIC, les collectifs de travail évoluent également. "Les salariés travaillent désormais en réseau, et non plus sous le format d'un chef et son équipe", explique le directeur du CAS. "Les contraintes peuvent varier d'un métier à un autre" poursuit-il. Dans les entreprises de logistique par exemple, se développe le "voice picking" : le salarié dispose d'un casque dans lequel une voix de synthèse lui indique où trouver le produit qu'il cherche : "faites trois pas à gauche, au septième poteau à droite, prenez le carton IG426R". "On transforme le métier, mais le salarié peut avoir l'impression d'être un robot. Cela doit être suivi assez finement" commente de directeur du CAS.

La frontière entre la vie professionnelle et la vie privée devient également de plus en plus floue. Cela permet certes le télétravail, mais "les utilisateurs avancés des TIC sont plus exposés à un travail qui dépasse le cadre des horaires habituelles" constate le rapport.

Et puis bien sûr il y a les mails. Dans lesquels nous sommes en copie, même si cela ne nous concerne pas. Auxquels il faut répondre dans la minute. Qui arrivent par dizaines, apparaissant en bas à droite de votre écran. "Il y a un risque de surcharge informationnelle", estime Vincent Chriqui. "Une réponse immédiate est plus intéressante, même si elle est approximative, commente Fred, une information loupée par mail, au milieu de 100 mails, vous décrédibilise durablement".

Importance de la culture de l'entreprise

Vous utilisez les TIC et vous ne vous reconnaissez pas dans ces constats globalement négatifs ? "C'est très variable d'une entreprise à une autre, note Vincent Chriqui, cela dépend de la culture de l'entreprise,... Les TIC sont tellement intégrées que la manière dont l'entreprise les utilise dépend plus de la culture de l'entreprise que des TIC elles-mêmes"

L'étude émet cependant des recommandations, pour trouver un équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Certaines entreprises proposent notamment des journées "sans mails". Elle propose également de renforcer les discussions avec les salariés lors de la mise en place de nouveaux outils. "Aujourd'hui un tiers des grands projets informatiques dans les grandes entreprises échoue" fait remarquer Vincent Chriqui. L'étude propose également de mieux former les utilisateurs. "Cela regroupe des enjeux d'emploi et de travail, notamment des seniors" conclut le directeur du CAS.

Car le secteur du numérique, selon une étude de McKinsey publiée en mars 2011, a permis la création de 700.000 emplois en 15 ans. Soit 25% des créations nettes d'emplois sur cette période.

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