Pour Philippe Ulmann, directeur de l'offre de soins à l'Assurance maladie, le mal est identifié : "Nous sommes confrontés à une masse de papier considérable". Avec comme conséquence "une gestion très lourde pour les pharmaciens" et pour l'assurance maladie, qui doit "les récupérer, les trier, les traiter" et les archiver. Cette masse qui entrave le fonctionnement de l'assurance maladie, il s'agit de la réduire. La première étape de la "chasse au papier" avait visé les feuilles de soin ; la prochaine visera les ordonnances. Les classiques petites feuilles devraient progressivement disparaître des pharmacies et des cabinets médicaux, au profit de prescriptions électroniques qui permettront de gagner du temps, de la place et de l'argent.
Chaque année, l'Assurance maladie reçoit 750 millions d'ordonnances, ce qui représente 420 km d'archives. A Paris, c'est un camion de 6 tonnes de papiers qui arrive chaque semaine à la Caisse primaire. Le classement et la mise sous pli "représentent deux heures de travail chaque soir dans une pharmacie moyenne", a précisé le directeur général de la Caisse nationale d'assurance-maladie des travailleurs salariés (CNAMTS), Frédéric van Roekeghem, lors d'une conférence de presse qui s'est tenue jeudi. Et la collecte des ordonnances coûte 4 millions d'euros par an à la Cnam. Leur traitement mobilise 4000 agents à lui seul.
Un système généralisé en 2014 ?
Voilà pourquoi l'Assurance maladie a entamé l'an dernier la dématérialisation des ordonnances dans les pharmacies, qui voient passer 550 millions de prescriptions par an. Environ 900 officines volontaires les scannent lorsque le patient est au guichet, puis gravent des CD, envoyés tous les quinze jours à l'Assurance maladie. Progressivement, le système va être généralisé aux 23.000 pharmacies de France d'ici fin 2012, début 2013, a précisé Frédéric van Roekeghem. Les pharmacies seront aidées à hauteur d'environ 400 euros annuels pour s'équiper, a-t-il détaillé.
Parallèlement, certaines pharmacies expérimentent la télétransmission directe de ces ordonnances vers l'assurance maladie, comme elles le font déjà pour les feuilles de soins qui permettent le remboursement à l'assuré. Cette transmission vers un serveur informatique sécurisé sera aussi généralisée progressivement. Puis, l'objectif est "d'aller à une dématérialisation complète du processus" avec la prescription médicale électronique, qui existe déjà aux Pays-Bas ou en Suède. La dématérialisation existe déjà en France pour les arrêts de travail et le choix du médecin traitant, a rappelé la Caisse. Son application aux ordonnances, notamment de médicaments, a été validée par la convention signée en juillet entre médecins et assurance maladie.
Les professionnels de santé (pharmacies, kinés, labos...) pourront alors, sur un portail internet professionnel, avoir accès à l'ordonnance du médecin, ce qui n'empêchera pas ce dernier de continuer à délivrer une prescription papier au patient. Frédéric van Roekeghem espère "lancer une généralisation en 2014", qui pourrait durer jusqu'en 2018. La dématérialisation est "susceptible de nous faire économiser 400" postes (équivalents temps-plein) parmi les agents chargés de traiter les documents papier, a-t-il ajouté, ce qui "libérera du temps pour accomplir des missions à plus forte valeur ajoutée" (conseil, prévention...). Elle permettra aussi un contrôle systématique des prescriptions et ainsi mieux "lutter contre d'éventuelles fraudes aux fausses ordonnances", alors qu'une partie seulement est vérifiée actuellement.
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