vendredi 23 septembre 2011

Benoît XVI rattrapé en Allemagne par les scandales de pédophilie

Benoît XVI savait déjà qu'en se rendant en Allemagne, dans l'ancienne RDA, terre bien plus protestante ou athée que catholique, il ne serait pas en terrain conquis. Et d'emblée, au premier de ses quatre jours de visite, il s'est retrouvé confronté aux scandales de pédophilie. Alors que des dizaines de milliers de catholiques allemands, mais aussi des protestants, ont formellement demandé à être rayés des registres de ces Eglises, secouées par des affaires de prêtres pédophiles, le souverain pontife a été interrogé sur ce thème par les journalistes qui avaient pris place avec lui dans son avion. "Je peux comprendre que devant de telles informations, surtout pour ceux qui sont proches des personnes touchées, quelqu'un dise: ce n'est plus mon Eglise (...) Je ne peux plus aller dans cette Eglise", a-t-il déclaré.
Une rencontre entre Benoît XVI et des victimes est probable, selon le Vatican, comme ce fut le cas dans d'autres pays. Elle devrait se dérouler dans la plus grande discrétion. La presse allemande estime, au vu de l'agenda du pape, qu'elle aura lieu vendredi ou samedi, journées un peu moins chargées que jeudi à Berlin. Peu chrétienne et traditionnellement contestataire, la capitale allemande devrait être l'étape la plus délicate.

Manifestation annoncée devant le Bundestag

Un collectif hétéroclite d'associations, qui reproche au pape ses positions conservatrices en matière de moeurs et des réponses insuffisantes face aux abus sexuels de prêtres sur des enfants, espère réunir 20.000 manifestants pendant que le pape tiendra un discours au Bundestag, contesté par une partie des députés. Une centaine d'élus, sur les 620 que compte la chambre basse du parlement, ont menacé de boycotter cette première intervention de Benoît XVI devant un parlement, estimant notamment que la Constitution prévoyait une séparation claire entre l'Eglise et l'Etat. Dans l'avion, Benoît XVI a manifesté sa compréhension pour la contestation. "C'est normal dans une société libre marquée par une forte sécularisation. J'en prends acte et il n'y a rien à dire quand elle s'exprime de façon civile. Je respecte ceux qui s'expriment", a-t-il déclaré. Ce qui ne l'a pas empêché de répéter, dès son premier discours sur le sol allemand, qu'il était venu avant tout "pour rencontrer les personnes et parler de Dieu", dans une société marquée par une "indifférence croissante" envers la religion.

Benoît XVI s'exprimait depuis le Château Bellevue à Berlin, où il avait été reçu avec les honneurs militaires par le Président de la république Christian Wulff, catholique divorcé. Il avait aussi été accueilli à sa descente d'avion par la chancelière Angela Merkel, protestante et fille de pasteur. Il doit également rencontrer dans la journée le maire de Berlin Klaus Wowereit, homosexuel catholique. Dans la soirée, il devrait célébrer une messe dans le Stade olympique de Berlin, où les "JO d'Hitler" en 1936 voulurent glorifier la race aryenne. Environ 70.000 catholiques y sont attendus, dont des milliers venus de la Pologne toute proche.

Vendredi, Benoît XVI sera à Erfurt (Thuringe) pour une journée sous le signe de l'oecuménisme: Luther y a étudié et entamé la réflexion qui fut une origine de la Réforme. Samedi et dimanche, il rencontrera à Fribourg, dans le Bade-Wurtemberg, diverses composantes d'une Eglise catholique agitée par la contestation. Ce voyage à haute portée politique et oecuménique est son troisième dans ce pays en tant que pape, après les Journées mondiales de la jeunesse à Cologne en 2005, peu après son élection, et sa venue dans sa Bavière natale en 2006. Il aura vingt rendez-vous et prononcera dix-huit discours lors des trois étapes de cette visite, exceptionnellement chargée pour un homme de 84 ans.

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