mardi 14 janvier 2014

La "mort programmée" de Vincent Lambert suspendue à une décision de justice

Doit-on laisser Vincent Lambert partir ? La question est aussi crue que la décision à prendre est douloureuse. Les parents de ce tétraplégique de 37 ans, maintenu en état de conscience minimale depuis 5 ans, ne peuvent s'y résoudre. Ils ont saisi en début de semaine le tribunal administratif pour s'opposer au protocole de fin de vie de leur fils engagé pour la seconde fois, le week-end dernier par le CHU de Reims. Le référé-liberté, déposé par l'avocat des parents du patient, contraint les médecins à suspendre leur geste en attendant que le tribunal ne statue, ce mercredi, à l'issue d'une audience qui doit se tenir à 10 heures.

"Mort programmée"Samedi, les équipes médicales de l'unité spécialisée dans la prise en charge des personnes en état pauci-relationnel (état de conscience minimale) avaient informé la famille de Vincent Lambert de la décision d'arrêter les traitements de nutrition et d'hydratation artificielles du patient, conformément à la loi Leonetti de 2005. Selon le corps médical, Vincent Lambert est totalement aphasique et dans un état pauci-relationnel qui permet une certaine interaction avec l'environnement par la vue notamment, sans pour autant "être sûr qu'il intègre correctement les informations sensorielles". C'est ce qui rend la question de l'arrêt des soins particulièrement difficile et douloureuse pour l'entourage. "Les réunions collégiales ont été des mascarades, jamais on ne nous a entendus et les médecins ont une nouvelle fois programmé la mort de mon fils", a réagi Viviane Lambert, la mère de Vincent qui n'a pas souhaité s'exprimer davantage avant l'audience."Le laisser partir est la dernière preuve d'amour que je pouvais lui apporter"
En avril dernier, alors que le malade multipliait des comportements d'opposition aux soins "faisant suspecter un refus de vivre", les équipes soignantes avaient déjà engagé un premier protocole de fin de vie en accord avec sa femme présente quotidiennement depuis l'accident et une partie de la famille, mais sans consulter explicitement les parents vivant dans le sud de la France. Le 11 mai, la mère de Vincent avait saisi le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne et obtenu du juge que les médecins reprennent l'accompagnement thérapeutique en rétablissant l'alimentation et l'hydratation du patient.

Une reprise vécue comme une "violence inouïe" par l'épouse de Vincent Lambert. Dans une
interview accordée au Monde le 29 mai dernier. "Je n'ai pas donné un accord, j'ai accepté la décision médicale (...)", explique-t-elle, soulignant que six des huit frères et sœurs du père de son enfant pensent la même chose. "Je l'ai acceptée parce que j'ai compris qu'il n'y aurait pas de retour de Vincent à la conscience. Sa souffrance est reconnue par tout le corps médical et par un professeur d'éthique. C'est aussi une souffrance pour moi de le voir partir. Mais comparée à ce qu'il peut endurer, ça ne peut pas être mis dans la balance. Le laisser partir est la dernière preuve d'amour que je pouvais lui apporter", concluait-elle.
 

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