vendredi 26 avril 2013

Les bien mauvais comptes de l’hôpital de Perpignan

La Chambre régionale des comptes vient de rendre son audit sur sa très chère et très longue reconstruction.

Déjà abordée en février dans le rapport national de la Cour des comptes, la reconstruction de l’hôpital de Perpignan est étrillée dans le rapport qu’a rendu public la semaine dernière la Chambre régionale des comptes (CRC). Envisagés dans les années soixante-dix, décidés en 1993, ces travaux estimés à 95 M€ en 1995 auront coûté en 2012, à la fin du chantier, 190 M€. D’où ce "problème majeur" relevé par les magistrats. "L’exploitation ne dégage pas suffisamment de marge pour financer des investissements assis sur un endettement croissant. (...) L’avenir financier du CH de Perpignan est incertain", note le rapport, rappelant que "la dette progressera de 116 M€ entre 2009 et 2016".
Encore ne s’agit-il là que des deux premières tranches d’un programme qui a durablement plombé les finances de l’établissement. "Les tranches 3 et 4 n’ont aujourd’hui pas de financement assuré."

"La direction a dû transformer des bureaux en local à déchets"
Pourquoi une telle flambée ? La CRC rappelle le principal écueil du dossier : la volonté de reconstruire l’hôpital sur son ancien site, plutôt que d’opter pour un nouveau lieu. "Au centre d’un débat politique", le choix de son implantation "est devenu un enjeu émaillé de nombreux contentieux" et a été "source de débats et de polémiques, sur un terrain (...) où la communauté hospitalière et médicale a été prise en étau."
Le projet a été plusieurs fois retoqué, et amendé, ce qui a entraîné retards et surcoûts, notamment pour les architectes : l’hôpital a dû au total verser 10 M€ d’indemnités. "Dérapage financier, atermoiement du maître d’ouvrage et de la tutelle", "parti architectural peu satisfaisant", "possibilités d’extension difficiles et onéreuses", "décision peu éclairée de l’agence régionale d’hospitalisation", "erreur de conception". À l’arrivée, le constat est sévère : "Le bâtiment apparaît aujourd’hui peu fonctionnel sur le plan logistique et coûteux en fonctionnement." Exemple : faute d’avoir intégré un circuit de logistique, "une équipe de huit liftiers est dédiée exclusivement à l’acheminement des navettes dans les étages". Aucun local à déchets n’ayant été prévu, "la direction a dû transformer des bureaux en local à déchets", lesquels, "compte tenu de l’exiguïté de ces locaux (...) doivent être évacués trois à quatre fois par jour".
Autres critiques : "L’absence de règlement intérieur, de projet médical et de projet d’établissement", "un absentéisme bien supérieur aux moyennes nationales".
En réponse, Vincent Rouvet, le directeur de l’hôpital, admet que "la complexité de la conduite de cette opération aura eu un effet déstabilisateur important sur la gestion et le management de cet établissement". Il rappelle toutefois que le choix de reconstruire sur place s’est justifié "pour des questions d’accessibilité à la population". Et que le coût final "n’a rien d’anormalement élevé", avec un prix de 2 106 € le m2 , pour une moyenne nationale en la matière de 2 030 €/m 2 .

http://www.midilibre.fr/2013/04/25/les-bien-mauvais-comptes-de-l-hopital-de-perpignan,685952.php

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