Le discours royal de Noël du roi des Belges a suscité maintes
critiques en Flandre. Des voix se sont élevées mercredi dans les rangs du parti
nationaliste, mais également chez les spécialistes de la politique belge, pour
dénoncer sa comparaison excessive avec l'essor du fascisme dans les années 1930.
"En ces temps perturbés que nous vivons, soyons vigilants, et
montrons-nous lucides face aux discours populistes. Ils s'efforcent toujours de
trouver des boucs émissaires à la crise, qu'il s'agisse de l'étranger ou des
habitants d'une autre partie de leur pays. Ces discours existent aujourd'hui
dans de nombreux pays européens et aussi chez nous. La crise des années 30 et
les réactions populistes de cette époque ne doivent pas être oubliées. On a vu
le mal que cela fit à nos démocraties », a déclaré le souverain belge, dans sa
traditionnelle allocution télévisée prononcée à la veille de Noël.
Tradition
apolitique
Pour le professeur Mark Van den Wijngaert, le roi s'est
lui-même prêté au populisme. Une telle façon de s'immiscer dans le débat
politique, estime-t-il, est tout à fait inédite dans un pays où le roi demeure
traditionnellement consensuel et apolitique.
"Le Roi fait référence d'abord à un parti, une manière de
penser, dans laquelle la responsabilité de la crise est imputée aux
francophones. Relier ce populisme aux années 30, c'est aller un pas trop loin.
Un grand pas trop loin. On ne peut pas prétendre une telle chose de la Belgique",
poursuit Mark Van den Wijngaert dans le quotidien belge De Morgen.
Sortie il y a tout juste un an de la plus longue crise
politique de son histoire - 541 jours sans gouvernement -, la Belgique a connu,
en 2012, une année de relatif répit sur le plan institutionnel. Mais les
élections municipales d'octobre ont vu la victoire en Flandre, la région
néerlandophone du nord du pays, de la Nouvelle alliance flamande (N-VA), qui
milite ouvertement pour une "république flamande". Sans être d'extrême
droite comme le Vlaams Belang, en déclin depuis quelques années, la N-VA
attribue une grande part des difficultés économiques du royaume à la Wallonie
(sud, francophone) et à ses dirigeants socialistes.
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