dimanche 15 juillet 2012

Drame en marge d'une manifestation des "indignés" israéliens

Dafne Leef, chef de file du mouvement social de l'été 2011 en Israël, attendait sans doute bien autre chose du défilé des "indignés" israéliens samedi soir, qui marquait l'anniversaire du mouvement de protestation sociale qui avait agité Israël l'été dernier. "J'espère que beaucoup de gens vont venir défiler pour marquer une année de réveil et qu'ils voudront continuer à se battre pour un meilleur avenir dans ce pays", a-t-elle lancé. "L'année écoulée a été très dense, s'il y avait eu autant d'avancées que de promesses non tenues nous serions dans une bien meilleure situation". Mais les cortèges sont restés limités : à Tel-Aviv, le principal d'entre eux a rassemblé environ 8000 personnes, selon la police, quand les organisateurs espéraient des dizaines de milliers de participants. Dans d'autres villes comme Jérusalem et Haïfa, quelques centaines de personnes tout au plus ont défilé.
Surtout, le défilé de Tel-Aviv a été marqué par un drame : un manifestant a tenté de s'immoler par le feu. Il a été hospitalisé dans un état grave. "Il a laissé dans la rue des photocopies d'une lettre qu'il a lue avant de s'immoler. Pour nous c'est une tentative de suicide" a déclaré une porte-parole de la police, qui a précisé qu'il s'agissait d'un homme d'une quarantaine d'années.
"Ils prennent aux pauvres pour donner aux riches"
Des témoins, cités par le site d'informations en ligne Ynet, ont indiqué que l'homme avait lu la lettre avant de s'asperger de liquide inflammable et de s'immoler. "L'Etat d'Israël m'a volé et m'a laissé sans rien", peut-on lire dans la lettre, citée par Ynet. "J'accuse Israël, (le Premier ministre) Benjamin Netanyahu et (le ministre des Finances) Youval Steinitz pour l'humiliation constante que les citoyens d'Israël doivent endurer quotidiennement. Ils prennent aux pauvres pour donner aux riches".
Le gouvernement avait réagi aux manifestations de l'été dernier, qui avaient rassemblé des centaines de milliers de personnes contre la vie chère et les inégalités sociales, en mettant sur pied un comité chargé d'examiner diverses réformes. Mais un nombre restreint d'entre elles ont été mises en oeuvre, d'où les propos amers de Dafne Leef sur les "promesses non tenues". Lors de ces défilés d'anniversaire, les manifestants ont repris le principal slogan du mouvement de l'été 2011 : "Le peuple demande la justice sociale" et réclamé la démission du chef du gouvernement Benjamin Netanyahu en scandant "Bibi rentre chez toi". Mais cette année les organisateurs n'ont pas réussi à présenter un front unifié. Ces trois derniers mois, des tentatives pour relancer le mouvement n'ont rassemblé que quelques milliers de personnes, loin de la mobilisation de 2011 qui avait culminé le 3 septembre avec près d'un demi-million d'Israéliens dans la rue. En témoignait, samedi soir, le désordre des manifestations les plus importantes : parallèlement au défilé principal, parti du théâtre Habima, qui a regroupé environ 7000 manifestants, un millier de protestataires ont marché sur la promenade de Tel-Aviv, le long de la mer.

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