mercredi 30 mai 2012

Les têtes commencent à tomber dans la police

Première « victime » officielle de ce coup de balai annoncé, le préfet de police Michel Gaudin qui régnait sur la PP depuis 2007. A 63 ans, ce haut fonctionnaire, proche de et ami intime de , a appris la nouvelle de la bouche même du nouveau ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, qui lui a téléphoné hier matin avant son départ pour Madrid.
De retour d’un week-end à la féria de Nîmes, Michel Gaudin a tout juste pu négocier de rester physiquement à son poste jusqu’au début de la semaine prochaine avant de rejoindre le Conseil d’Etat. Si son éviction n’est pas une énorme surprise, certains dans la police jugent le « timing et la méthode discutables ». « Michel Gaudin n’avait plus que quelques mois à faire avant sa retraite et il a toujours été un grand serviteur de l’Etat », juge un proche.

Cette première décision de Manuel Valls doit donner le signal d’une série de départs annoncés depuis plusieurs semaines. Ciblés en premier lieu, le directeur général de la police nationale, Frédéric Péchenard, et le directeur central du renseignement intérieur, Bernard Squarcini — en déplacement à Madrid hier avec le ministre de l’Intérieur —, ne se font plus d’illusions depuis longtemps. Mis en cause plus ou moins directement par
pendant la campagne, les deux hommes attendent maintenant un point de chute : la délégation à la sécurité routière pour Frédéric Péchenard et la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie pour Bernard Squarcini.

Hier soir sur France 2, François Hollande a tenu à répondre aux accusations de « chasse aux sorcières » lancées à droite : « Je l’avais annoncé », a-t-il rappelé, précisant que « trois personnes, ça ne sera pas une valse considérable ». « Pour la police, ça va s’arrêter là, a-t-il assuré. Ils seront remplacés non par par des proches, des intimes, des obligés, mais par des hauts fonctionnaires de qualité. »

D’autres grands flics ou préfets attendent plus ou moins sereinement un coup de fil de la Place Beauvau. « Entre son passage au ministère de l’Intérieur et son quinquennat à l’Elysée, Nicolas Sarkozy s’était entouré de fidèles à tous les postes clés de la police et du renseignement. C’est cette firme, comme on l’appelle, que le nouveau pouvoir va probablement démanteler », détaille un haut fonctionnaire. Sur la sellette donc, tous les préfets envoyés en mission dans les zones sensibles : Christian Lambert en Seine-Saint-Denis, Alain Gardère à Marseille ou encore Eric Le Douaron dans l’Isère.

Idem pour Ange Mancini, le coordinateur du renseignement, voire René Bailly, directeur du renseignement de la préfecture de police de Paris, qui a aussi contre lui d’avoir été montré du doigt au cours de l’enquête menée en début d’année sur la « fiche » présumée rédigée sur Valérie Trierweiler. « La seule vraie inconnue, c’est le timing de ces limogeages. Soit c’est le coup de balai général avant les législatives, soit le ministère de l’Intérieur va morceler les limogeages pour éviter l’effet purge », souligne un expert.

Quant à la gendarmerie, où la discrétion reste une règle, il devrait y avoir aussi quelques mouvements. Le général Jacques Mignaux, son directeur général, est annoncé sur le départ. « Mais là, le mercato devrait être moins massif et plus feutré, prédit un haut fonctionnaire, parce que la patte de l’ancien pouvoir y est moins visible. »
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