mardi 6 mars 2012

Avec la crise, les Français conçoivent qu'ils devront se serrer la ceinture

"Crise", "déficit", "rigueur budgétaire"... A force d'entendre ces mots, les Français accepteraient-ils de plus mettre la main à la poche ? En janvier Nicolas Sarkozy décidait d'augmenter la TVA en échange de baisse de charge sur les entreprises - la "TVA sociale" - et François Hollande plaidait la semaine dernière pour une plus forte taxation des plus haut revenus. A quelques semaines d'une élection présidentielle, les candidats sont-ils devenus suicidaires ?
"Sur l'augmentation de la TVA, il est vrai que la sanction dans l'opinion n'est pas venue pour Nicolas Sarkozy, autant dans les intentions de vote que pour sa cote de popularité, répond Emmanuel Rivière, directeur du département Opinion à l'institut TNS Sofres, cependant, on se méprendrait de dire que les Français accepteraient plus d'impôts. Dans une enquête que nous avions réalisée fin novembre pour Dimanche +, seuls 27% des sondés trouvaient 'normal' d'augmenter les impôts pour contribuer au remboursement de la dette".
La proposition de François Hollande d'ajouter une tranche d'impôts sur les revenus à 75% pour ceux gagnant plus d'un million d'euros par an est perçu positivement par 61% des personnes interrogées, "un soutien sans être unanime", remarque Emmanuel Rivière. Par ailleurs, fait remarquer le responsable de TNS Sofres, "parmi les sympathisants UMP, une majorité disent qu'il faudrait augmenter les impôts. D'où cette faible évolution de cote de popularité de Nicolas Sarkozy après avoir annoncé la TVA sociale".
Touche pas à mes impôts
Les Européens et les Français ne cachent cependant pas leur inquiétude face au niveau des déficits et dettes publics de leur pays. Ils étaient 80% en France à se dire inquiets, lors d'un sondage réalisé par TNS Sofres pour le Centre d'analyse stratégique en septembre 2010. "Il y a une prise de conscience des déficits, et le sentiment que tout le monde devra passer à la casserole", analyse Emmanuel Rivière. Mais sur les sept nationalités européennes interrogées, 82% des sondés préféraient une baisse des dépenses de l'Etat à une augmentation des recettes (29%). "Les Français sont convaincus qu'il faut une orthodoxie budgétaire mais en même temps, ils ne pensent pas que c'est à eux de mettre la main à la poche", poursuit le responsable de TNS Sofres. "Une partie de la population peut accepter de faire des efforts mais elle demande à ce que les premiers efforts viennent d'en haut", et que l'Etat réduise son train de vie.
Et pour cause, huit Français sur dix trouvent que les impôts sont injustes selon un baromètre ViaVoice pour Les Echos et France Info fin janvier. "En France, la fiscalité est extrêmement complexe, et avec deux ou trois exemples, il est facile d'avoir un sentiment d'injustice fiscale", ajoute Emmanuel Rivière. Par ailleurs, les cadres et professions intellectuelles supérieures sont 37% à trouver normal qu'il faille augmenter les impôts pour résorber le déficit contre 10% des ouvriers (et 27% en moyenne). Et il y a toujours plus riche que soi... D'autant plus qu'après les Etats-Unis, de très riches Français avaient lancé un appel pour payer plus d'impôts.
Dans ce combat présidentiel, François Hollande a un avantage sur son concurrent principal, "c'est plus facile pour un candidat qui arrive avec un bilan vierge". Et qui a comme rival quelqu'un qui traîne l'image du président des riches note le sondeur.

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