lundi 20 février 2012

"L'affaire Borloo" suscite la polémique à gauche

La Bourse n'a pas été la seule à réagir à l'arrivée possible de Jean-Louis Borloo à la tête du géant de l'environnement. En pleine campagne électorale, le PS n'a pas manqué de critiquer un transfert issu de "petits arrangements entre amis du Fouquets", selon Delphine Bartho, porte-parole de François Hollande. 
Pierre Moscovici a été le premier à déguainer en évoquant "un jeu de chaises musicales" qui viserait à " évincer un homme dans la vie politique qui, certes, a été ministre de Nicolas Sarkozy (...) et empêcher certaines tentations centristes". Paraphrasant son candidat, le directeur de campagne de François Hollande a fustigé " le système Sarkozy", celui de la confusion des intérêts privés avec la gestion de l'Etat", selon Delphine Bartho. A sa suite, Manuel Valls a qualifié la patron d'EDF, Henri Proglio, "d'agent électoral" : "C'est bien le signe que ce quinquennat a commencé au Fouquet's et qu'il se termine à Kléber, au siège de Veolia", a commenté le député-maire d'Evry. Sur RFI, Benoît Hamon, porte-parole du PS, a dénoncé un "président du business et de la combine" avec la volonté de "neutraliser un adversaire politique potentiel". Pour Michel Sapin, chargé du projet présidentiel de François Hollande, cette nomination si elle est confirmée, est "la récompense" offerte à Borloo en échange de sa non candidature à la présidentielle.

Retour sur arrangements

Plusieurs médias ont mis le feu aux poudres socialistes en annonçant qu'Antoine Frérot pourrait être remplacé prochainement par l'ancien ministre de l'Ecologie, au terme d'une offensive lancée en coulisses par Henri Proglio. "Dans le plus grand secret", l'ancien PDG de Veolia resté administrateur du groupe, "se prépare à demander au conseil la tête d'Antoine Frérot", a affirmé dimanche soir le site internet des Echos, sans citer de sources. "Depuis le milieu de la semaine dernière, les administrateurs ont été approchés", ajoute-t-il, précisant que le patron d'EDF bénéficie dans ses démarches de l'appui d'Alain Minc, un des proches conseillers du président Nicolas Sarkozy.

Dans son édition de ce lundi, le quotidien économique précise que "plusieurs administrateurs du groupe de services aux collectivités demandent la tête d'Antoine Frérot". Toujours selon LesEchos.fr, Jean-Louis Borloo, ex-numéro deux du gouvernement Fillon, figure "en tête de liste des successeurs pressentis". Trois autres noms circulent aussi, précise le site : Augustin de Romanet, le directeur général de la Caisse des dépôts et consignations appelé à quitter son poste début mars, Jacques Veyrat, ancien patron de Louis Dreyfus et Daniel Bouton, ancien PDG de la Société Générale. "M. de Romanet n'a été ni contacté, ni ne s'est porté candidat", a réagi dimanche soir un porte-parole du patron de la Caisse des dépôts. EDF et Veolia se sont également refusés à tout commentaire.


Un changement radical par rapport à l'ère Proglio

Première à évoquer ce week-end un "jeu de pouvoirs en coulisses qui risque de faire du bruit dans les semaines qui viennent", la lettre spécialisée dans les transports Mobilettre avance également le nom de Borloo comme successeur le plus probable en cas d'éviction de Frérot. La prochaine réunion du conseil d'administration de Veolia est programmée le 29 février, à la veille de la présentation des résultats 2011. Une seconde réunion est prévue le 15 mars, consacrée "aux questions de gouvernance", indiquent Les Echos.

Aux prises avec une rentabilité érodée et une dette de 15 milliards d'euros (à fin septembre) qui vient d'être dégradée par l'agence Moody's, Veolia Environnement, a affiché l'an dernier l'une des pires performances du CAC 40. Son action a perdu près de 60% de sa valeur sur l'année, après deux avertissements sur résultats depuis l'été. Au titre de l'exercice 2011, le groupe pourrait afficher une perte de 200 millions d'euros, a affirmé récemment le magazine Challenges. Or Henri Proglio est en désaccord avec la stratégie de son successeur et convaincu qu'"Antoine Frérot n'est pas capable de sauver le groupe, en pleine tourmente", écrit Mobilettre. Depuis son arrivée à la tête du groupe, Antoine Frérot a opéré un changement radical par rapport à Henri Proglio, qui avait multiplié les acquisitions à l'international pour faire grossir Veolia. Mis sous pression par des collectivités et des industriels voulant réduire leur facture, le groupe, qui emploie plus de 100.000 collaborateurs en France, s'est lancé l'an dernier dans une restructuration pour recentrer ses activités sur moins de 40 pays à l'horizon 2013, contre près du double jusqu'ici. Il a annoncé en décembre qu'il allait abandonner les transports publics pour se concentrer sur l'eau, les déchets et les services énergétiques.

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