jeudi 22 décembre 2011

Meurtre du juge Borrel à Djibouti : une affaire d'État

Un nouveau témoignage d'un militaire français assure que l'armée française était au courant de l'assassinat du juge Borrel, dont le corps avait été retrouvé calciné en octobre 1995, à Djibouti. L'affaire Borrel devient une affaire d'Etat.
L'affaire Borrel, du nom de ce juge français retrouvé mort à Djibouti en octobre 1995, revient avec grand fracas sur le devant de la scène politico-judiciaire. Un nouvel élément de taille vient attester que les autorités françaises de l'époque avaient bel et bien connaissance du meurtre du magistrat Bernard Borrel, dont le corps a été retrouvé calciné. En effet, l'armée française a été informée de l'assassinat du juge Borrel, via des écoutes de la police djiboutienne, peu après son décès, selon le témoignage à la justice d'un militaire français en poste à Djibouti à l'époque révélé hier par France Culture.
Magistrat détaché à Djibouti, Bernard Borrel a été retrouvé mort le 19 octobre 1995, le corps en partie carbonisé, en contrebas d'un ravin, à 80 km de Djibouti. L'enquête française a privilégié dans un premier temps la thèse du suicide avant de retenir celle d'un assassinat après de nouvelles expertises.
Ce témoignage provient d'un appelé en poste au sein d'une unité chargée des écoutes au sein de l'armée française à Djibouti à l'époque des faits.
« Un jour, j'ai entendu dire au centre qu'un homme avait été immolé par le feu par des personnes du nord du territoire à l'aide de jerricanes d'essence. C'était un Français qui avait été brûlé non loin du Goubet. C'était dans la ville d'Arta », a-t-il déclaré à la juge. Le corps de Bernard Borrel a été retrouvé non loin du Goubet. « On n'était pas censé entendre les écoutes mais on vivait en permanence avec des militaires qui procédaient aux écoutes. C'était vers onze heures-midi, je ne sais même pas si nous n'étions pas à table. L'information venait de sortir », a ajouté le témoin.
« C'était une information provenant de la surveillance des communications internes de la police djiboutienne », a-t-il dit.
Selon ce témoin, la Prévôté (détachement de la gendarmerie) est alors « intervenue », a-t-il dit sans savoir de quelle façon. « Aujourd'hui je peux donc affirmer que M. Borrel ne s'est pas suicidé. Il a été tué et des militaires étaient au courant », a-t-il ajouté.
Elisabeth Borrel, la veuve du juge, demande à nouveau que tous les documents classés secret défense relatifs à la mort de son mari soient déclassifiés. « On attend, à présent un printemps djiboutien et que les langues se délient enfin, » précise, MeLaurent de Caunes qui assiste la veuve Borrel, avec Me Olivier Morice.
« Le chef de l'Etat m'avait assuré en 2007 que le secret-défense serait levé. Or rien n'a été fait », précise Elisabeth Borrel. Pour l'ancien appelé, « il y a forcément une trace » de l'écoute de la police djiboutienne « sauf si elle a été délibérément supprimée », dit-il, précisant que les informations du jour étaient transmises par télex au ministère de la Défense.
Cette information capitale est révélée alors que Nicolas Sarkozy s'est entretenu, hier après-midi, avec le président de la République de Djibouti, Ismaël Omar Guelleh. L'enquête française, menée à Paris par la juge Clément, privilégie la thèse d'un assassinat.
Des témoignages, dont celui d'un ex-membre de la garde présidentielle Mohamed Saleh Alhoumekani, mettent directement en cause le président Guelleh et son entourage.
http://www.ladepeche.fr/article/2011/12/22/1245763-meurtre-du-juge-borrel-a-djibouti-l-armee-francaise-savait.html

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