La crise est-elle responsable de la hausse des refus d'héritage ? Selon Le Monde, en lieu et place d'un petit pécule, les héritiers font de plus en plus souvent face à des dettes et autres impayés lors du décès d'un proche. Et décident in fine de renoncer à la succession. En cause, la crise qui pousserait les personnes âgées à s'endetter pour subvenir à leurs besoins, faute de retraites suffisantes, et à laisser l'ardoise aux générations suivantes...
L'enquête du quotidien se base sur les chiffres du ministère de la Justice, arrêtés au 31 décembre 2010, selon lesquels le nombre de refus d'héritage est passé, entre 2004 et 2010, de 50 031 à 67 249, soit une augmentation de 33,5 %. Cette tendance à la hausse s'accélère en 2011, année qui pourrait bien être record. Selon les témoignages recueillis par Le Monde auprès de différents tribunaux, s'il existe encore des considérations personnelles ou familiales qui peuvent pousser à refuser un héritage, elles sont marginales: "En discutant avec les familles, que derrière tout ça, il y a la misère du monde", explique-t-on au greffe de Nancy.
Le vieillissement de la population accentue le phénomène
En clair, le refus d'héritage est devenu le dernier avatar de la crise économique qui frappe les familles françaises : inflation, hausse des loyers... Désormais, les actifs font appel au crédit pour joindre les deux bouts. Tout comme les retraités : selon la dernière enquête de la Banque de France, parue en mars, les plus de 55 ans représentaient en 2010 23 % des surendettés, contre 13 % en 2001. Ils pourraient atteindre 32 % en 2012. "Près de la moitié des seniors criblés de dettes sont propriétaires et perdront leurs biens d'ici à 2013", précise Jean-Louis Kiehl, président de la fédération Cresus (chambre régionale du surendettement social), un réseau associatif qui aide les ménages surendettés. Et pour faire des économies, ces personnes fragilisées financièrement ne souscrivent pas aux assurances décès, qui sont facultatives. A leur mort, "les crédits courent toujours et les héritiers doivent rembourser", explique-t-on au tribunal de Toulouse.
Autre élément qui pousse à la fonte des patrimoines, selon Le Monde : le vieillissement de la population. En effet, pour faire face aux frais induits par les placements en maison de retraite, nombre de familles sont contraintes, faute de retraites suffisantes des aïeux, de vendre leur maison. D'où une fonte mécanique de l'héritage, explique le quotidien du soir.
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