Le drame s'est produit samedi, mais son bilan reste encore incertain : un vieux chalutier à bord duquel se trouvaient, selon les estimations, entre 250 et 380 immigrants, pour la plupart venus du Moyen-Orient, a sombré au large de la côte est de Java, en Indonésie. Selon le responsable des situations d'urgence et de la logistique au sein du Centre de gestion des catastrophes de Java-Est, 76 occupants du navire ont pu être secourus. Mais un porte-parole des secouristes a indiqué que 33 personnes avaient été sauvées et que 217 étaient portées disparues.
Ce sont de puissantes vagues qui ont fait couler le bateau de bois à environ 90 km des côtes. "Les rescapés souffrent de déshydratation et d'épuisement après avoir dérivé au milieu de la mer pendant à peu près cinq heures", a déclaré le coordinateur des opérations de secours. "Nous ne trouvons pas la trace de survivants et de victimes, et maintenant nous tentons de mener des recherches à l'est de là où nous avons trouvé les survivants. D'après les témoignages des victimes, les vagues ont touché un côté du bateau, l'ont brisé en deux et l'ont fait chavirer". L'espoir de trouver des rescapés se réduit d'heure en heure : "Il est impossible, même pour un bon nageur équipé d'un gilet de sauvetage, de rejoindre le rivage dans de telles conditions météo. Lorsque les bateaux font naufrage, les corps refont surface vers le troisième jour", a fait savoir le responsable des secours.
"Le bateau coulait, les gens paniquaient"
Armaghan Haidar, un étudiant afghan de 17 ans qui a survécu, a raconté qu'il dormait lorsqu'il a senti le bateau bouger violemment à cause d'une tempête. Il est aujourd'hui dans un centre d'accueil de Prigi Beach, une station balnéaire de la côte sud, située à 640 kilomètres au sud-est de Jakarta. "J'ai senti de l'eau sur mes pieds et ça m'a réveillé. Le bateau coulait, les gens paniquaient, hurlaient, essayaient de sortir", a-t-il raconté. "J'ai réussi à sortir de l'embarcation et à m'accrocher à son bord avec une centaine d'autres. Une autre centaine de personnes étaient piégées à l'intérieur".
L'Indonésie sert régulièrement de point de transit à de nombreux clandestins venus du Moyen-Orient et d'Asie et cherchant à rejoindre l'Australie. Les survivants ont d'ailleurs raconté qu'ils venaient, comme les disparus, d'Iran et d'Afghanistan. Ils avaient versé à des passeurs entre 2500 et 5000 dollars (1900 et 3800 euros) pour leur voyage vers l'Australie. "Ils ont dit avoir pris l'avion de Dubai à Jakarta, puis un bus vers un endroit non spécifié à Java, d'où ils ont embarqué. Ils disent qu'ils allaient vers l'île Christmas", a déclaré un membre des opérations de sauvetage du district de Trenggalek. "Nous voulons avoir une vie meilleure en Australie", a expliqué le jeune étudiant. "Il n'y a rien en Afghanistan. Beaucoup de terrorisme. Mais on ne peut pas étudier, trouver un emploi. Nous n'avons pas d'avenir là-bas".
Cette nouvelle tragédie - un an après le chavirage d'un autre bateau d'immigrants en partance pour l'Australie - a suscité une vague d'indignation chez les associations australiennes d'aide aux réfugiés, qui contestent la politique d'immigration de leur pays. Le ministre des Affaires intérieures Jason Clare a évoqué "une terrible tragédie". "Les autorités australiennes travaillent avec les indonésiennes" sur cet accident, a-t-il ajouté. "Chaque fois que des gens entreprennent un voyage dangereux et risquent leur vie, je suis très inquiet". Mais les associations d'aide aux réfugiés ont qualifié ces paroles d'hypocrites. "Si le gouvernement et l'opposition étaient vraiment inquiets du sort des demandeurs d'asile, ils instaureraient enfin la politique d'accueil humaine dont l'Australie a besoin depuis longtemps", a déclaré Ian Rintoul, coordinateur de la Coalition d'action pour les réfugiés.
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