mardi 20 décembre 2011

Faut-il encadrer le droit de grève dans le transport aérien ?

Voilà quatre jours qu'a été lancé le mouvement de grève qui perturbe le trafic des principaux aéroports français ; et aucun signe de sortie de crise ne se profile. Les agents de sûreté des aéroports, ceux qui sont chargés d'inspecter bagages et passagers avant l'embarquement, réclament l'ouverture de négociations sur leurs salaires et assurent n'avoir aucun autre moyen de se faire entendre de leur direction, réticente à toute discussion. Alors que des rencontres entre les grévistes et les dirigeants des sociétés qui les emploient, programmées ce lundi, ont été annulées à la dernière minute, le mouvement de grève a même "tendance à se durcir", comme l'a reconnu dimanche soir Nathalie Kosciusko-Morizet.
Du côté du gouvernement et de l'UMP, on opte pourtant pour la fermeté à l'égard des grévistes. Invitée lundi matin sur LCI, Chantal Jouanno a fustigé une nouvelle fois un mouvement "inacceptable" en pleines vacances de Noël. Avant elle, c'est le ministre des Transports, Thierry Mariani, et sa collègue de l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet qui avaient évoqué un possible encadrement du droit de grève dans le transport aérien, en dénonçant notamment une "prise en otage" des vacanciers.

"La grève est légitime"

Le président du groupe de la majorité à l'Assemblée nationale, Christian Jacob, avait confirmé dès la fin de la semaine dernière que l'UMP s'efforcerait de faire voter avant l'élection présidentielle une proposition de loi du député Eric Diard visant à mettre en place un service minimum dans le secteur aérien. Ce texte reprend en fait des dispositions en vigueur dans les transports terrestres : négociation avant un conflit, déclaration individuelle des grévistes 48 heures à l'avance et information des passagers sur l'état prévisible du trafic 24 heures avant la grève. Ces mesures sont appliquées à la SNCF et à la RATP ainsi que dans les réseaux urbains de transport public depuis une loi de 2008. La proposition de loi d'Eric Diard devrait être examinée fin janvier par l'Assemblée.

Aux yeux de Thierry Mariani, un tel texte est aujourd'hui indispensable dans le transport aérien : selon lui, il "permettrait d'organiser le trafic aérien, d'informer en avance les passagers et ainsi d'éviter les engorgements (...), en conciliant de façon équilibrée, le principe constitutionnel du droit de grève, l'objectif de valeur constitutionnelle de sauvegarde de l'ordre public ainsi que le principe de la continuité du service dans les aéroports".

Mais aux yeux de la Fédération de l'Equipement, de l'Environnement, des Transports et des Services Force Ouvrière (FEETS FO), "la grève est légitime", et Thierry Mariani, "informé de la situation n'a rien fait et joue à l'apprenti sorcier sur le droit de grève". FO rappelle qu'un rapport parlementaire sur la sûreté dans les aéroports, rendu public la semaine dernière, déplore le manque de reconnaissance dont souffrent les salariés du secteur. Pour le syndicat, "ce n'est pas en restreignant le droit de grève que seront réglés les problèmes, c'est en faisant disparaître les causes. C'est en imposant aux donneurs d'ordre (Aéroports, Chambre consulaires et Compagnies aériennes) et aux employeurs du secteur une meilleure prise en compte des salariés de la sûreté aéroportuaire que l'on évitera des mouvements comme celui en cours".

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