Le groupe Quinta Industries, détenu à 83% par l'homme d'affaires franco-tunisien Tarak Ben Ammar, a été placé jeudi en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Nanterre. Depuis lors, tout le milieu du cinéma bout de rumeurs et d'inquiétudes. Car Quinta Industries est spécialisé dans la post-production. Et la décision du tribunal de commerce de Nanterre signifie une fermeture des laboratoires techniques impliqués dans le courant de cette semaine. En tout, pas moins de 36 longs métrages sont directement menacés. Parmi eux, Astérix au Service de sa Majesté (qui nécessite de nombreux effets spéciaux), La Vérité si je mens 3, Infidèle de Jean Dujardin et Gilles Lellouche, le prochain Leos Carax (Holly Motors) ou encore Thérèse Desqueyroux de Claude Miller. Autant de films qui se retrouvent "en grave péril", souligne ce lundi Thierry de Segonzac, président de la Fédération des industries du cinéma, dans une lettre adressée directement à Nicolas Sarkozy. La semaine dernière déjà, la sortie en salles du film de Martin Scorsese Hugo Cabret avait failli être annulée, avant d'être sauvée par des copies tirées à Rome.
La Fédération des industries du cinéma propose donc son aide et demande le soutien du chef de l'Etat face à "la gravité et l'urgence" d'une situation susceptible d'entraîner des "conséquences économiques et culturelles irréversibles".
"Des dommages collatéraux considérables"
"Les procédures collectives (redressement et liquidation judiciaires) dont font l'objet le Groupe Quinta et ses différentes filiales (...) provoqueront des dommages collatéraux considérables inhérents" au stockage des oeuvres, affirme Thierry de Segonzac. "Toutes saisies et déplacements des serveurs informatiques entraîneraient la perte irrévocable des éléments" qui représentent près de 300 millions d'euros d'investissements de production - 25% de l'investissement annuel du cinéma français, explique-t-il.
En d'autres termes, si les différents sous-traitants et partenaires économiques des sociétés concernées (Quinta Industries, Laboratoire LTC, Auditorium SIS, Scanlab, Duran Duboi) viennent récupérer leur matériel et recouvrer leurs créances, les images actuellement stockées dans les disques durs de ces sociétés seront perdues. "Face à ce péril, souligne Thierry de Segonzac, l'ensemble des Industries techniques nationales se sont mobilisées et proposent la mise en place d'un dispositif de sauvetage immédiat, organisé autour d'un processus de sauvegarde des éléments et de la poursuite et finitions des productions en cours".
La Fédération, qui regroupe quelque 180 sociétés spécialisées dans la post-production, les effets spéciaux, l'animation, souhaite gagner un peu de temps afin que les producteurs des films en jeu puissent désigner d'autres prestataires en son sein pour continuer le travail. "Dès lors, la réussite de ce dispositif implique une mobilisation et une réactivité immédiate des pouvoirs publics et une sensibilisation de l'institution judiciaire autour des professionnels", affirme-t-elle dans son courrier.
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