lundi 7 novembre 2011

Mont-Blanc : course contre la montre pour sauver deux alpinistes

Les heures passent et les chances de les retrouver vivants s'amenuisent. Voilà maintenant six jours que deux alpinistes sont bloqués à 4.050 m d'altitude, sur les Grand Jorasses, dans le massif du Mont-Blanc. A plusieurs reprises, des hélicoptères ont tenté d'aller récupérer le guide de haute-montagne français Olivier Sourzac, 47 ans, et sa cliente Charlotte Demetz, une alpiniste parisienne expérimentée de 44 ans. A cause de la météo exécrable, "des conditions météorologiques himalayennes", ces tentatives ont fait long feu. Alors qu'une nouvelle tentative de sauvetage par hélicoptère était en cours lundi à la mi-journée, malgré la persistance du brouillard côté italien, le point sur la situation des deux alpinistes avec le commandant du peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) de Chamonix.
TF1 News : Quelles sont les chances de les retrouver vivants ?
Le commandant Jean-Baptiste Estachy : "Il est impossible de se prononcer sur des pourcentages de survie, de dire dans quel état on va les retrouver, cela dépend de trop de paramètres. On sait simplement que lorsqu'on a perdu la liaison téléphonique avec eux vendredi pour cause de batterie à plat, ils étaient en relative bonne santé même si extrêmement fatigués. Ils avaient trouvé un abri, ils avaient encore un réchaud en état de marche. L'espoir est encore largement permis. Mais, là, c'est leur sixième jour en montagne, ça commence à faire long... La fatigue réduit la résistance au froid. On sait trop ce que des séjours prolongés comme ça en haute altitude peuvent faire en termes de gelures, d'hypothermie.

TF1 News : C'est fréquent de se retrouver coincés comme ça ?
Le cdt Estachy : Ce n'est pas rare. Cela arrive notamment quand on part sur des courses en fin de période de beau temps. Tout montagnard expérimenté a déjà bivouaqué en montagne alors qu'il ne l'avait pas prévu. Mais généralement, les alpinistes ne nous appellent pas, ils attendent que ça se passe.

TF1 News : Quels sont les principaux dangers ?
Le cdt Estachy : Au-delà des dangers objectifs de la montagne (chute de pierres, avalanche), les deux dangers principaux, c'est le froid et la déshydratation. Tant qu'on a de quoi faire fondre la neige, on peut boire. On ne sait pas en revanche s'ils avaient encore de quoi se nourrir. A partir du moment où on ne peut plus manger et que l'on est soumis à des températures négatives, la survie devient de plus en plus difficile au fur à mesure que le temps s'écoule. Le vent peut aussi s'avérer redoutable. Il peut faire baisser la température ressentie, jusqu'à -20°C, -30°C, sans difficultés. Sous-abri ou dans un trou à neige, on arrive à rester un peu en dessous de zéro. Le moral peut jouer également. Il ne faut pas se laisser abattre par les conditions, c'est certain. Après c'est l'expérience qui forge aussi le moral. Plus on pratique plus on rencontre des situations imprévues, pas toujours facile, c'est comme ça qu'on s'aguerri.

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