lundi 3 octobre 2011

Haut-fourneau de Florange : une fermeture temporaire bientôt définitive ?

Lundi 3 octobre sera peut-être une date historique pour la sidérurgie française. Le dernier haut-fourneau lorrain en activité va en effet fermer à Hayange dans la journée. Une fermeture temporaire selon le groupe ArcelorMittal. Mais peut-être définitive, craignent certains.

Le numéro un mondial de la sidérurgie avait annoncé le 8 septembre la fermeture pour une durée indéterminée du haut-fourneau P6 du site de
Florange (situé sur le territoire de la commune de Hayange), spécialisé dans la fabrication d'acier à très haute valeur ajoutée. Cette fermeture, justifiée par une baisse saisonnière de l'activité, est "conjoncturelle, temporaire et provisoire", avait assuré le directeur du site Thierry Renaudin. Promesse relayée mardi par le ministre en charge de l'Industrie Eric Besson, qui a déclaré espérer un redémarrage du haut-fourneau "pour le début de l'année prochaine". En attente d'un feu vert bruxellois, un ambitieux projet de captage-stockage de C02 pourrait voir le jour à Florange, pour lequel l'Etat français a prévu 150 millions d'euros dans le cadre des investissements d'avenir, a-t-il rappelé.
Fin de la "filière liquide" ?
Mais l'annonce, survenant après la prolongation de l'arrêt du second haut-fourneau de Florange (le P3), et deux ans après la fermeture à
Gandrange (Moselle) d'une autre usine d'Arcelor, a suscité l'inquiétude des syndicats et des élus pour qui cet arrêt pour signifier la fin de la "filière liquide" dans la région. Samedi, une manifestation a réuni de Hayange à Florange près de 1.500 personnes, avec à sa tête des élus de tous bords, dont le président UMP du conseil général de Moselle Patrick Weiten et la députée socialiste Aurélie Filipetti. Les commerçants de la vallée, en signe de solidarité, ont baissé leur rideau de 14 à 16 heures.

Signe particulièrement alarmant pour les syndicats, le fait que le groupe ait initialement prévu "zéro euro pour la maintenance" pendant la suspension de l'activité. L'Etat a finalement obtenu, en échange de la validation du plan de chômage partiel présenté par Arcelor, que l'entreprise s'engage sur un programme de maintenance d'un montant de 4,2 millions d'euros, se félicite le délégué. Les syndicats accusent l'entreprise de vouloir supprimer la "filière liquide" en Lorraine au profit des installations côtières, plus rentables.

De fait, le PDG du groupe Lakshmi Mittal a annoncé la semaine dernière qu'il allait mettre en oeuvre "un plan d'optimisation des actifs d'un milliard de dollars" d'ici fin 2012 en concentrant "la production sur les usines à plus bas coût". Selon les syndicats, d'ores et déjà, environ 1.100 personnes en CDI (contrat à durée indéterminée) seraient concernées par des mesures de chômage partiel. 400 intérimaires ont été remerciés et des licenciements sont à craindre parmi les quelque 400 personnes travaillant pour des sous-traitants d'Arcelor. Vendredi, un grand SOS composé de lettres lumineuses de trois mètres de haut a été accroché par les syndicats en surplomb de la vallée.

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