Le choix de la Suisse pour équiper son armée de l'Air de nouveaux avions de combat avait été annoncé le 30 novembre dernier : entre le Rafale du français Dassault, l'Eurofighter du groupe EADS, et le Gripen du groupe suédois Saab, c'était le Suédois qui avait emporté l'aval de Berne. En annonçant cette décision d'acquisition de 22 Gripen, le ministre suisse de la Défense, Ueli Maurer, avait alors assuré que l'appareil satisfaisait aux exigences militaires helvétiques.
Or le journal Le Matin Dimanche publie ce week-end des extraits d'un rapport d'évaluation confidentiel daté de 2009 qui semblent prouver le contraire. Selon le rapport, écrit en anglais, "l'efficacité globale du Gripen MS21 reste insuffisante pour remporter la supériorité aérienne lors des menaces futures, au-delà de 2015". Un autre extrait du rapport souligne que l'avion "reste incapable d'atteindre les capacités minimales pour tous les types de missions examinées".
Guerre des prix
La publication des extraits de ce rapport intervient dans un contexte tendu, alors que les constructeurs Saab et Dassault se sont lancés dans une guerre des prix pour tenter d'emporter malgré tout le contrat suisse. Le 8 février, le groupe suédois Saab s'est ainsi dit disposé à revoir à la baisse le prix de ses avions qu'il doit livrer à la Suisse, après une proposition similaire de l'avionneur français Dassault. "Le prix sera inférieur à 3,1 milliards" de francs suisses (2,6 milliards d'euros), a indiqué le directeur de Saab pour la Suisse, Anders Carp, cité par le journal Tages-Anzeiger.
Saab a par ailleurs proposé à Berne de signer le contrat pour l'achat des Gripen directement avec le gouvernement suédois, ce qui équivaut à une garantie d'Etat sur le contrat, selon des propos du numéro deux du ministère suédois de la Défense, Hakan Jevrell, cité par le journal. Pour sa part, Dassault avait envoyé un courrier aux députés suisses leur proposant l'acquisition de 18 Rafale pour 2,7 milliards de francs suisses (2,2 milliards d'euros).
De son côté, la commission parlementaire suisse chargée des questions de défense doit se pencher sur ce dossier au plus tôt le 13 février. Le gouvernement helvétique doit formellement avaliser en février l'achat des Gripen. Le dossier sera ensuite transféré au parlement, qui décidera à l'été ou l'automne sur le sujet
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire