Détenus depuis deux ans en Iran sous l'accusation d'espionnage, les deux randonneurs américains placés au centre d'un bras de fer entre Téhéran et Washington connaissent désormais la sentence de la justice iranienne : huit ans de prison. La nouvelle de leur condamnation, annoncée samedi par le site internet de la télévision d'Etat citant une "source judiciaire informée", a été confirmée officiellement dimanche. Shane Bauer et Josh Fattal, tous deux âgés de 29 ans, ont été condamnés par le tribunal révolutionnaire de Téhéran à 3 ans de prison chacun pour "entrée illégale en Iran" et à cinq ans pour "espionnage au profit d'une agence américaine". Les deux condamnés peuvent faire appel de leur jugement dans un délai de vingt jours. Le cas de leur compagne Sarah Shourd, 32 ans, libérée sous caution en septembre 2010 pour raison de santé et jugée en son absence en même temps qu'eux, demeure encore ouvert, dit-on à Téhéran.
Aux Etats-Unis une porte-parole des familles des deux randonneurs a indiqué que celles-ci ne souhaitaient pas réagir pour l'instant. "Nous cherchons à confirmer ces informations et sommes en contact avec la Suisse, en tant que puissance protectrice, afin d'obtenir de plus amples informations". De son côté le département d'Etat américain a souligné dans un communiqué n'avoir "eu de cesse de demander la libération" des deux hommes soulignant qu'ils "ont été détenus trop longtemps et il est temps de les réunir avec leurs familles". Le porte-parole du département d'Etat américain, Victoria Nuland, a ajouté : "Nous continuons d'espérer que les autorités iraniennes vont recourir aux options humanitaires disponibles afin de libérer ces deux jeunes hommes".
Une frontière franchie par erreur
Les trois Américains avaient été arrêtés le 31 juillet 2009 à la frontière irano-irakienne qu'ils affirment avoir franchie par erreur après s'être égarés pendant une randonnée dans les montagnes du Kurdistan irakien. Ils ont plaidé non coupable pour les accusations d'espionnage lors des deux audiences à huis clos de leur procès le 6 février puis le 31 juillet. Leur avocat, Me Masoud Safii, avait exprimé à plusieurs reprises l'espoir que ses clients seraient acquittés de l'accusation d'espionnage et libérés, leurs deux années en détention permettant une telle mesure même en cas de condamnation à la peine maximale de trois ans de prison pour entrée illégale en Iran. "Ils sont innocents, l'accusation d'espionnage n'a aucun sens", avait-il déclaré fin juillet. Quant à l'entrée illégale en Iran, "même si le tribunal n'accepte pas mes arguments, les deux ans qu'ils ont passés derrière les barreaux constituent une punition plus que suffisante", avait-il ajouté. Le ministre iranien des Affaires étrangères Ali Akbar Salehi avait pour sa part "espéré" le 6 août que le verdict aboutirait à la "liberté" des deux Américains.
Ce verdict risque d'envenimer encore davantage les relations entre l'Iran et les Etats-Unis, déjà difficiles depuis l'arrivée au pouvoir du président Mahmoud Ahmadinejad. Washington a toujours rejeté avec véhémence les accusations d'espionnage contre ses trois ressortissants et a demandé à plusieurs reprises leur libération, Téhéran répondant généralement en soulevant le cas d'une dizaine d'Iraniens détenus "illégalement" aux Etats-Unis selon les dirigeants iraniens.
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