Pour enrayer les vols de téléphones
portables, la loi sur la sécurité intérieure dite "Loppsi 2", votée en
mars 2011, avait mis en place une mesure qui se voulait fortement dissuasive :
le blocage des appareils volés. Pour cela, une procédure précise avait été mise
en place : désormais, à partir du dépôt de plainte au commissariat, les
opérateurs ont l'obligation de bloquer sous quatre jours les mobiles volés. Pour
cela, l'opérateur concerné transmet le numéro d'identification du téléphone
(numéro Imei) à une banque européenne implantée à Dublin, en Irlande. C'est
ensuite cette banque qui bloque le téléphone, censé le rendre inutilisable.
Résultat de la mesure : une baisse de près de 20% des vols de portables à Paris
entre avril 2011 et avril 2012. Mais les voleurs semblent avoir trouvé le moyen
de contourner ce système de sécurité ; et désormais, les policiers redoutent que
les vols ne repartent en forte hausse.
Ce qui suscite leurs craintes est la découverte, récemment,
d'un logiciel permettant de contourner les mesures mises en place. Baptisé
"Z3X", il a été retrouvé dans une cinquantaine de magasins de téléphonie de
l'est parisien. Ce logiciel permet de réactiver les téléphones bloqués,
soi-disant inutilisables, afin de les remettre sur le circuit, en reprogrammant
le numéro Imei. Un délit passible de deux ans d'emprisonnement et 37.500 euros
d'amende.
La quête fébrile de nouvelles mesures
Une fois débloqués et réactivés, ces téléphones sont ensuite
remis en vente dans certaines officines, ou alors dans la rue à la sauvette, ou
sur internet. "Les acheteurs éventuels ne peuvent pas savoir que le
téléphone qu'ils achètent a été volé", explique un enquêteur.
Depuis maintenant plusieurs semaines, le ministère de
l'Intérieur tente de trouver la riposte. Des réunions ont été organisées avec la
Fédération française des télécoms, regroupant les différents opérateurs. Parmi
les pistes abordées: une meilleure traçabilité du téléphone et un accès plus
simple au numéro Imei. Celui-ci est en effet rarement connu des utilisateurs
lorsqu'ils viennent déposer plainte, ce qui peut ralentir l'enquête. Ce numéro
est visible sur la facture de téléphone ou bien récupérable sur internet, sur le
site mobilevole-mobilebloque.fr, explique une source policière.
"Nous souhaiterions qu'il y ait un gravage synthétique du numéro Imei
directement sur le téléphone", explique Franck Carabin, porte-parole de la
direction de la sécurité de la proximité de l'agglomération parisienne (DSPAP).
La réflexion porte également sur la mise en place de signaux silencieux, qui
indiqueraient de manière régulière dans la journée la borne la plus proche. Avec
l'espoir, à terme, de trouver un système permettant de rendre, à distance, tout
portable volé définitivement inutilisable.
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