Le livre est paru mardi aux Etats-Unis ; écrit par
John Solomon, le journaliste ayant interviewé la femme de chambre Nafissatou
Diallo pour Newsweek, il prend le contrepied de la thèse
du complot défendue auparavant par un autre célèbre journiste américain, Edward
Jay Epstein, selon qui Dominique
Strauss-Kahn était sous la surveillance des services secrets
français. DSK, le scandale qui a fait chuter Dominique
Strauss-Kahn raconte au contraire toutes les failles de l'enquête,
toutes les approximations ou les erreurs qui ont pu bénéficier à l'ancien patron
du FMI, qui était alors considéré comme le favori de la course présidentielle en
France.
Selon lui, la police de New York et le procureur ont commis des
erreurs dès le début. Le 14 mai, alors qu'il vient d'être arrêté et conduit dans
un commissariat de Harlem sur la base des accusations de la femme de chambre du
Sofitel
de New York, DSK ne sera pas interrogé pendant plus de six heures, rapporte le
journaliste dans son livre. Ce délai empêchera d'avoir sa version des faits : à
23 heures, son avocat, qui l'a enfin localisé, lui enjoindra en effet de ne pas
parler.
Cyrus
Vance, un procureur "inexpérimenté"
Le procureur élu de Manhattan Cyrus
Vance occupait ses fonctions au moment de l'affaire depuis 16 mois. Son
travail, écrit John Solomon, a été celui d'un "procureur inexpérimenté,
projeté dans l'arène alors qu'il n'était pas encore prêt". Cela explique
selon lui l'inculpation au pas de charge de DSK et "la réaction excessive
dans l'autre direction" quand seront découverts les mensonges de Nafissatou Diallo sur son passé. Il souligne également que la
responsable de la section des crimes sexuels de l'équipe Vance, Lisa Friel, 25
ans d'expérience, a été écartée au profit de deux procureurs spécialistes des
affaires de meurtre, dont "aucune n'avait l'expérience, la formation, ou le
tempérament pour traiter avec une femme de chambre immigrée compliquée".
Elles prendront selon lui très mal en juin le fait que Diallo ait menti, en
affirmant avoir été victime d'un viol collectif en Guinée : un récit
"embelli" d'un viol réel, concocté quelques années plus tôt pour
obtenir l'asile aux Etats-Unis.
Peu importe que ses collègues lui ayant parlé au Sofitel soient tous convaincus par le récit d'une collègue
analphabète qu'ils décrivent comme timide et travailleuse. Peu importe les
éléments matériels corroborant ce récit. "C'était le début de la fin de la
procédure pénale contre DSK. Et les jours suivants verront une escalade dans les
insultes entre l'équipe des procureurs et l'avocat de Diallo", écrit
Solomon. Des fuites dans la presse empoisonnent un peu plus le climat. Pourtant,
écrit l'auteur, l'avocat du Sofitel, Lanny Davis,
juriste chevronné, a lui aussi interrogé Nafissatou
Diallo et s'est dit "convaincu". L'ouvrage explique aussi que
la femme de chambre ne voulait pas parler à la police, craignant de perdre son
travail. Ce n'est qu'après avoir été rassurée, qu'elle aurait accepté.
Un problème de traduction
L'auteur affirme aussi que le signal du BlackBerry perdu par
Dominique Strauss-Kahn a montré "qu'il
s'éloignait de l'hôtel" lorsqu'il a cessé d'émettre, contredisant l'idée
selon laquelle il aurait été volé par Diallo.
John Solomon affirme aussi que les procureurs ont affirmé à
tort qu'elle avait changé sa version sur ce qui s'était passé après l'incident.
Quand elle explique le 28 juin, via un traducteur remplaçant - Diallo parle un
dialecte fulani - qu'elle a nettoyé la suite voisine de celle de DSK, les
procureurs comprennent qu'elle parle d'après l'incident. Mais selon les relevés
des clés magnétiques, c'était avant. "Ils n'ont jamais admis qu'il était
possible qu'ils n'aient pas compris Diallo sur la séquence des événements",
écrit-il. Et il affirme que ce n'est pas Nafissatou
Diallo qui a mentionné au téléphone dans une conversation en fulani le
16 mai que DSK était un homme riche, mais son "ami" emprisonné Amara Tarally.
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