vendredi 12 avril 2013

Meurtre sans cadavre dans les Vosges : huit ans de prison pour Maud Tellier

Maud Tellier, accusée d'avoir tué son voisin puis d'avoir fait disparaître le corps jamais retrouvé avec l'aide de son compagnon, a été condamnée vendredi à huit années d'emprisonnement pour coups mortels.
Maud Tellier, une jeune femme de 32 ans, accusée d'avoir tué son voisin a été condamnée vendredi à huit années d'emprisonnement pour coups mortels par la Cour d'assises des Vosges. Elle aurait fait disparaître le corps jamais retrouvé avec l'aide de son compagnon, Olivier Benoît, 39 ans. Le jeune homme a, lui, été acquitté du meurtre, mais a écopé d'une peine de trois ans d'emprisonnement pour une escroquerie à l'assurance, que les deux accusés et la victime avaient réalisé dans le cadre d'un faux cambriolage. L'avocat général avait respectivement requis 10 ans et 5 ans d'emprisonnement pour les deux accusés.
L'affaire avait commencé en novembre 2007, lorsque ce couple de toxicomanes s'était dénoncé à la gendarmerie, expliquant qu'ils avaient tué deux mois plus tôt leur voisin, Robert Pichon, 61 ans. Le drame s'était produit dans une maison isolée de Sainte-Hélène, dans les Vosges, où les trois protagonistes étaient partis chercher du bois. Selon les accusés, Olivier Benoît s'était absenté un moment, durant lequel Robert Pichon avait tenté d'abuser sexuellement de Maud Tellier, laquelle avait alors frappé le sexagénaire avec un manche de hache.
M. Benoît dit avoir retrouvé sa compagne prostrée devant le corps sans vie et ensanglanté de leur voisin, et avoir brûlé le cadavre, qui n'a jamais été retrouvé. Le couple était ensuite parti à Cannes et Paris, où il avait retiré de l'argent avec la carte bleue de Robert Pichon, et envoyé des SMS avec son téléphone mobile pour continuer à "faire vivre" la victime.
La préméditation au cœur du procès
Mais les enquêteurs et l'accusation avaient toujours mis en doute la version des accusés, en estimant que le meurtre était prémédité, afin de toucher l'assurance d'un faux cambriolage du domicile de Robert Pichon, organisé par le trio. Le couple avait ainsi été renvoyé devant les Assises pour assassinat, crime pour lequel ils encouraient une peine de réclusion criminelle à perpétuité. Lors de l'audience, le directeur d'enquête avait toutefois été mis en difficulté par le président de la Cour d'assises, qui avait qualifié "d'invention" la thèse du meurtre prémédité. "Le seul scénario plausible, c'est celui que nous ont dit Tellier et Benoît", avait-il ajouté.
L'avocat général avait également considéré que la préméditation ne pouvait être retenue, mais avait défendu la thèse du meurtre. Les jurés de la Cour d'assises des Vosges ne l'ont pas suivi, et ont estimé que Maud Tellier avait porté des coups ayant entraîné la mort sans intention de la donner, mais n'ont pas retenu la légitime défense, telle qu'avancée par ses avocats, qui plaidaient l'acquittement. "On nous a enfin entendus. Ce verdict est un désaveu cinglant de l'instruction qui a été menée", a commenté l'avocat d'Olivier Benoît, Me Nicolas Pasina. L'avocat de Maud Tellier, Me Liliane Glock, a pour sa part exprimé son "soulagement", en affirmant toutefois que "juridiquement, ce verdict laissait perplexe".
 

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