Maud Tellier, une jeune
femme de 32 ans, accusée d'avoir tué son voisin a été condamnée vendredi à huit
années d'emprisonnement pour coups mortels par la Cour d'assises des Vosges. Elle
aurait fait disparaître le corps jamais retrouvé avec l'aide de son compagnon,
Olivier Benoît, 39 ans. Le jeune homme a, lui, été acquitté du meurtre, mais a
écopé d'une peine de trois ans d'emprisonnement pour une escroquerie à
l'assurance, que les deux accusés et la victime avaient réalisé dans le cadre
d'un faux cambriolage. L'avocat
général avait respectivement requis 10 ans et 5 ans d'emprisonnement pour les
deux accusés.
L'affaire avait commencé en novembre 2007, lorsque ce couple de
toxicomanes s'était dénoncé à la gendarmerie, expliquant qu'ils avaient tué deux
mois plus tôt leur voisin, Robert Pichon, 61 ans. Le drame s'était produit dans
une maison isolée de Sainte-Hélène, dans les Vosges, où les trois protagonistes
étaient partis chercher du bois. Selon les accusés, Olivier Benoît s'était
absenté un moment, durant lequel Robert Pichon avait tenté d'abuser sexuellement
de Maud Tellier, laquelle avait alors frappé le sexagénaire avec un manche de
hache.
M. Benoît dit avoir retrouvé sa compagne prostrée devant le
corps sans vie et ensanglanté de leur voisin, et avoir brûlé le cadavre, qui n'a
jamais été retrouvé. Le couple était ensuite parti à Cannes et Paris, où il
avait retiré de l'argent avec la carte bleue de Robert Pichon, et envoyé des SMS
avec son téléphone mobile pour continuer à "faire vivre" la victime.
La préméditation au cœur du procès
Mais les enquêteurs et l'accusation avaient toujours mis en
doute la version des accusés, en estimant que le meurtre était prémédité, afin
de toucher l'assurance d'un faux cambriolage du domicile de Robert Pichon,
organisé par le trio. Le couple avait ainsi été renvoyé devant les Assises pour
assassinat, crime pour lequel ils encouraient une peine de réclusion criminelle
à perpétuité. Lors de l'audience, le directeur d'enquête avait toutefois été mis
en difficulté par le président de la Cour d'assises, qui avait qualifié
"d'invention" la thèse du meurtre prémédité. "Le seul scénario plausible, c'est
celui que nous ont dit Tellier et Benoît", avait-il ajouté.
L'avocat général avait également considéré que la préméditation
ne pouvait être retenue, mais avait défendu la thèse du meurtre. Les jurés de la
Cour d'assises des Vosges ne l'ont pas suivi, et ont estimé que Maud Tellier
avait porté des coups ayant entraîné la mort sans intention de la donner, mais
n'ont pas retenu la légitime défense, telle qu'avancée par ses avocats, qui
plaidaient l'acquittement. "On nous a enfin entendus. Ce verdict est un désaveu
cinglant de l'instruction qui a été menée", a commenté l'avocat d'Olivier
Benoît, Me Nicolas Pasina. L'avocat de Maud Tellier, Me Liliane Glock, a pour sa
part exprimé son "soulagement", en affirmant toutefois que "juridiquement, ce
verdict laissait perplexe".
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