Le premier récit fourni par les gendarmes était
plutôt laconique : on savait simplement qu'un homme, aux premières heures de
dimanche, vers 4h30, avait ouvert le feu au fusil de chasse dans l'entrée d'une
discothèque située non loin de Cambrai : Le Vamos, à
Bertry. Il
en avait peu auparavant été expulsé pour une raison non précisée. Cette raison,
l'un des employés de la discothèque, blessé lors des faits, dit la connaître. Il
s'agit d'Hervé Legrand, l'un des physionomistes de l'établissement. Touché par
une trentaine de plombs à une jambe et au niveau du bassin, il travaille au
Vamos depuis deux ans. Il a fourni un premier récit plus détaillé de l'agression
dimanche matin, à sa sortie de l'hôpital de Cambrai.
Selon lui, l'homme qui a ouvert le feu, âgé d'une trentaine
d'années, s'est dans un premier temps "disputé avec son beau-frère, pour une
broutille", après quoi "il s'est fait expulser", "puis il a été chercher son
fusil". Tout s'est alors enchaîné très vite. Le tireur a d'abord ouvert le feu
sur la porte du vestiaire, sous laquelle les plombs qui l'ont atteint sont
passés, a expliqué Hervé Legrand. "J'ai vu qu'il rentrait dans la discothèque
avec son fusil, j'ai entendu un deuxième coup", a-t-il expliqué. "Ça criait un
peu", a-t-il ajouté, il y avait "un peu de panique à l'entrée".
"C'est la sixième fois qu'on me tire dessus"
Le tireur avait déjà été interdit d'entrée au Vamos après une
bagarre il y a plusieurs mois, mais "on lui a refait confiance parce que ses
copains étaient là (...) finalement il s'est disputé avec sa famille", a dit le
videur. "On lui a laissé une deuxième chance, et puis là il avait un fusil dans
le coffre, c'est incroyable".
Il a décrit le jeune homme comme "impulsif, cherchant la petite
étincelle pour déclencher une bagarre". Hervé Legrand a indiqué que ce n'est
qu'après les faits qu'il a pensé à la fusillade qui a
fait deux morts le week-end dernier à Lille. Il estime avoir eu
"plus de chance", "ça se joue à pas grand-chose".
"Quand (le tireur) va être dégrisé, il va se dire : j'ai fait
la plus belle connerie de ma vie", a-t-il jugé, pensant qu'il a voulu s'en
prendre à son collègue qui l'avait mis dehors. "Sur le coup, j'ai pensé à
bloquer la porte pour mes collègues cachés dans le fond, je me suis dit : faut
pas qu'il rentre, parce que s'il veut un videur... C'est après nous qu'il en
avait", a-t-il raconté. "C'est la sixième fois qu'on me tire dessus, c'est la
première fois que je suis blessé", a expliqué Hervé Legrand, qui travaille le
week-end dans des discothèques depuis 23 ans. Selon lui, il arrive dans toutes
les discothèques que des videurs soient menacés ou qu'on leur fasse "voir un
flingue", "ça va être de pire en pire", craint-il.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire