Le géant bancaire britannique HSBC a présenté publiquement
ses excuses mardi devant le Sénat américain pour avoir manqué de vigilance face
à de possibles opérations de blanchiment
d'argent. "HSBC n'a pas été à la
hauteur des attentes de nos régulateurs, de nos clients, de nos employés et des
citoyens", a affirmé devant une commission sénatoriale Irene Dorner, présidente
de HBUS, la filiale américaine de HSBC. Ce
non-respect des réglementations "est inacceptable", a-t-elle ajouté devant la
commission d'enquête du Sénat liée à la sécurité intérieure, qui a publié un
rapport accablant sur les pratiques de la banque. Le responsable du respect des
réglementations chez HSBC, David Bagley, a annoncé en
pleine audition sa démission en reconnaissant qu'il y a eu des "domaines dans
lesquels nous avons connu des défaillances significatives".
Selon le rapport des sénateurs, la banque a fait prendre des
risques au système financier américain en l'exposant à de possibles activités
de blanchiment d'argent lié au trafic de drogue ou
au financement du terrorisme dans les années 2000. La mise au jour de ces
pratiques intervient au moment où le scandale des manipulations du Libor, le
taux interbancaire offert à Londres, prend de plus en plus d'ampleur dans le
monde de la finance. Le rapport de la commission d'enquête du Sénat a souligné
de "graves carences" dans le système anti-blanchiment de HBUS, qui n'a pas
réussi, selon les parlementaires, à surveiller de façon efficace les activités
suspectes.
Les cartels mexicains de la drogue
L'audition de mardi a par exemple souligné que la banque avait
réalisé 16 milliards de dollars de transactions secrètes avec l'Iran sur une
période de six ans. Les responsables de la banque étaient au courant des
"transactions secrètes avec l'Iran" --dont la documentation ne mentionnait
aucun lien avec ce pays-- depuis 2001 et jusqu'en 2007, pour un total de 25.000
opérations, selon le document parlementaire de 330 pages. Les Etats-Unis
interdisent les relations commerciales et financières avec l'Iran, la Corée du
Nord ou encore le Soudan.
Par ailleurs, selon des éléments du rapport mis en avant par la
commission dès lundi, la banque a exposé le système financier américain à de
possibles opérations de blanchiment de l'argent de la drogue des cartels
mexicains. La filiale mexicaine a ainsi transféré un montant de 7 milliards de
dollars vers HBUS entre 2007 et 2008. HBUS a également entretenu des relations
financières avec des établissements bancaires soupçonnés de liens avec des
organisations terroristes présumées. Le rapport cite à cet égard la banque
saoudienne Al Rajhi Bank. Le document souligne aussi que le géant bancaire
britannique a aidé à écouler un montant de 290 millions de dollars en chèques
de voyage émis par une banque japonaise au bénéfice de ressortissants russes
qui prétendaient travailler dans les voitures d'occasion. HBUS possède 470
agences aux Etats-Unis et fournit des services à environ 1.200 autres banques,
dont 80 filiales.
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