Les morts d'Alicia Champlon, adjudante de 29 ans,
dont le compagnon est gendarme à Salon-de-Provence, et d'Audrey Berthaut,
maréchal des logis-chef de 35 ans, mère de deux filles, ont représenté un
événement sans précédent dans l'histoire de la gendarmerie - et un choc pour
tous les gendarmes. Mais au
contraire des policiers, les gendarmes n'ont pas de
représentants syndicaux - personne susceptible de porter leur voix et d'exprimer
ce choc ressenti. Du fait de leur statut de militaires, ils sont tenus à la
stricte obligation de réserve. C'est donc dans l'anonymat, et en bonne partie
sur internet, à travers des forums, qu'ils évoquent
l'événement depuis le début de la semaine.
Sur celui de l'association Gendarmes
et Citoyens, qui anime un site internet auquel participent de nombreux gendarmes anonymes en activité ou en retraite, plus de 100
messages ont été diffusés, et des blogs de gendarmes
ont aussi été largement consacrés à cette affaire.
Un bandeau "Gendarmerie en deuil"
La plupart des internautes insistent sur les conditions de
travail et le fait de savoir si des patrouilles à deux sont "adaptées à la
situation". "Pas assez de matériel sur le terrain, pas assez de personnel, des
moyens radio tout pourris, des véhicules dans un sale état", témoigne l'un
d'eux, tandis qu'un autre se demande si la "direction (de la gendarmerie) va
relayer nos problèmes auprès du gouvernement".
Certains avancent la possibilité de fermer "en signe de deuil"
les gendarmeries en France le jour des obsèques ou de porter en permanence un
brassard noir. Certains ont émis l'idée de mettre sur les véhicule de
gendarmerie un bandeau portant l'inscription "Gendarmerie en deuil".
L'Union nationale du personnel en retraite de la gendarmerie
(UNRPG) et son mensuel d'expression, L'Essor de la gendarmerie, ont déclaré
lundi dans un communiqué que "cette tragédie met l'accent sur la nécessité de
disposer des moyens suffisants pour assurer une surveillance continue sur toute
l'étendue du territoire". L'UNRPG (45.000 adhérents) et L'Essor (35.000
lecteurs) constituent le plus important canal de réaction ou de revendication
des 100.000 gendarmes français. Ils n'ont pas fait
écho officiellement à cette poussée de fièvre sur internet.
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